Une vaste opération de nettoyage sur un site nucléaire : l’Iran tente-t-elle d’effacer des preuves d’activités secrètes ?

L’Institut pour la science et la sécurité internationale a affirmé que l’Iran avait entamé, ces dernières semaines, une vaste opération de nettoyage sur le site de Mojdeh, situé au nord de Téhéran.
Ce site avait été ciblé par des frappes israéliennes en juin dernier. L’institut met en garde contre le fait que cette démarche « pourrait effacer toute preuve potentielle d’activités liées au développement d’une arme nucléaire ».
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Des efforts de nettoyage rapides
L’institut, organisme de recherche indépendant spécialisé dans la non-prolifération et dirigé par l’ancien inspecteur international David Albright, a indiqué que des images satellites révélaient « des efforts importants pour retirer rapidement les bâtiments endommagés ou détruits, suggérant une tentative de dissimulation de tout élément pouvant incriminer l’Iran ».
Téhéran n’a pas réagi officiellement à ces accusations, réitérant que son programme nucléaire est « exclusivement pacifique » et rejetant les soupçons de militarisation.
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Le rapport de l’institut précise qu’Israël a bombardé ce site à deux reprises le 18 juin, dans le cadre d’une opération plus large visant des centaines d’installations iraniennes.
Le site est également connu sous le nom de Lavizan 2 et jouxte l’université Malek Ashtar. Des rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) l’ont déjà associé au programme Amad de développement nucléaire, dont l’agence et les services de renseignement américains estiment qu’il a été interrompu en 2003.
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La première frappe a touché plusieurs bâtiments, dont un relevant de l’Institut de physique appliquée et un autre lié au groupe « Shahid Karimi », placé sous sanctions américaines. La seconde a détruit le bâtiment de l’Institut et endommagé une structure de sécurité, selon des images fournies par Maxar Technologies.
Des images révélatrices
Des clichés satellites du 3 juillet ont montré le début des opérations de nettoyage et de déblaiement, tandis que des images plus récentes, datées du 19 août, attestent de la démolition totale du bâtiment de physique appliquée et de l’atelier, ainsi que du retrait complet des débris. Le rapport conclut que « la rapidité de l’opération visait à réduire les chances qu’une inspection ultérieure révèle des preuves d’activités non déclarées ».
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Ce constat intervient alors que l’AIEA mène des discussions avec Téhéran pour relancer les inspections, suspendues depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et l’Iran (13–24 juin) et après les frappes américaines contre plusieurs installations nucléaires iraniennes le 22 juin.
Le directeur de l’agence, Rafael Grossi, a rappelé que l’Iran est « légalement tenu » d’autoriser les inspections « dans les plus brefs délais », soulignant que l’AIEA souhaite visiter tous les sites sensibles, y compris Fordo, Natanz et Ispahan.
Des stocks préoccupants
Le rapport de l’institut souligne par ailleurs que l’Iran conserve plus de 400 kilogrammes d’uranium enrichi à un niveau proche de celui requis pour fabriquer une arme, ce qui suscite de nouvelles inquiétudes sur ses intentions, dans un contexte de négociations au point mort et de confiance fortement érodée entre Téhéran et la communauté internationale.