Politique

Amnesty International appelle à une enquête sur des crimes de guerre israéliens dans le sud du Liban


Amnesty a documenté la destruction de plus de dix mille installations dans le sud du Liban, la plupart après l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu, qualifiant ces actes de violation du droit international.

Dans un rapport publié mardi, Amnesty International a affirmé que l’armée israélienne avait causé une destruction massive et « délibérée » dans de nombreuses localités frontalières du sud du Liban lors de sa dernière guerre contre le Hezbollah, appelant à ouvrir une enquête pour « crimes de guerre ».

Le conflit entre le Hezbollah et Israël, qui a duré plus d’un an, s’est achevé par un cessez-le-feu en novembre. Celui-ci stipulait le retrait du Hezbollah de la zone située au sud du Litani et le démantèlement de ses infrastructures militaires, ainsi que le retrait des forces israéliennes des positions conquises pendant la guerre.

Amnesty International a souligné qu’« il faut enquêter sur la destruction étendue et intentionnelle par l’armée israélienne de biens civils et de terres agricoles dans le sud du Liban en tant que crimes de guerre ».

L’organisation a indiqué avoir adressé des questions à l’armée israélienne fin juin concernant l’ampleur des destructions, sans obtenir de réponse.

Elle a documenté « plus de 10 000 infrastructures gravement endommagées ou détruites » entre le 1er octobre 2024 et le 26 janvier 2025, en précisant que la majorité de ces destructions avaient eu lieu « après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah ».

Conformément à l’accord, l’armée israélienne aurait dû se retirer des territoires conquis dans un délai de soixante jours, mais elle a maintenu ses troupes dans certaines zones frontalières. Israël occupe encore cinq hauteurs stratégiques dont le Liban exige l’évacuation.

Selon Amnesty, « les forces israéliennes ont utilisé des explosifs artisanaux et des bulldozers pour détruire des infrastructures civiles, y compris des maisons, des mosquées, des cimetières, des routes, des jardins et des terrains de football dans 24 villages ».

Cette politique a rendu « des régions entières inhabitables et détruit la vie de milliers de personnes », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice des recherches et campagnes de l’organisation.

Amnesty a analysé l’ampleur des destructions à travers des vidéos, des photos et des images satellites de plusieurs villages frontaliers, en se concentrant particulièrement sur Kfarkela, Maroun al-Ras, Adaisseh, Aïta al-Chaab et al-Dhahira.

Parmi les preuves, l’organisation cite des vidéos montrant des soldats israéliens plaçant manuellement des explosifs dans des habitations, détruisant routes et terrains de sport, et rasant des jardins ainsi que des sites religieux.

Israël affirme que ses frappes visaient uniquement des infrastructures liées au Hezbollah.

Cependant, Amnesty a conclu que « dans de nombreux cas, l’armée israélienne a procédé à des destructions massives d’infrastructures civiles en l’absence manifeste de nécessité militaire impérieuse, en violation du droit international humanitaire ».

Le Liban, de son côté, n’a pas encore lancé de programme de reconstruction, particulièrement dans les villages frontaliers. En mars, la Banque mondiale a estimé les besoins de relèvement et de reconstruction du pays à environ 14 milliards de dollars.

Les autorités libanaises comptent sur l’aide internationale, en particulier des pays du Golfe, pour financer la reconstruction et la relance économique. Toutefois, ces derniers ont indiqué qu’aucune aide ne serait apportée sans mesures concrètes de désarmement du Hezbollah, par crainte qu’une reconstruction profite en premier lieu au mouvement.

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