Proposition onusienne pour organiser des élections en Libye dans un délai d’un an et demi

La représentante spéciale des Nations unies pour l’appui en Libye, Hanna Tetteh, a présenté jeudi une proposition de feuille de route visant à organiser des élections présidentielles et législatives dans le pays dans un délai maximum de 18 mois. Cette initiative, qui requiert l’adhésion des principales forces politiques libyennes malgré un climat marqué par de profondes divisions, repose sur trois piliers essentiels.
Lors de son briefing devant le Conseil de sécurité, Tetteh a expliqué : « Je propose une feuille de route articulée autour de trois axes : premièrement, l’élaboration d’un cadre électoral techniquement solide et politiquement viable pour permettre la tenue d’élections présidentielles et législatives. Deuxièmement, l’unification des institutions à travers un gouvernement national unique. »
Elle a ajouté : « Troisièmement, l’organisation d’un dialogue structuré permettant une participation élargie des Libyens, afin de traiter les questions cruciales qui nécessitent une approche collective, de créer un environnement propice aux élections et de s’attaquer aux causes profondes du conflit. Parallèlement, il s’agira de soutenir, à court terme, les efforts d’unification institutionnelle et de renforcer la gouvernance dans les secteurs clés. »
La responsable onusienne a précisé que « ce plan est conçu de manière progressive et intégrée, sous la forme d’un processus par étapes où chaque phase facilite la suivante, afin d’aboutir avec succès à des élections nationales générales ».
Concernant le calendrier, Tetteh a indiqué que « la période requise se situe entre 12 et 18 mois pour la mise en œuvre complète de la feuille de route, laquelle devra culminer par la tenue des élections générales. »
Elle a également souligné, au regard des larges consultations qu’elle mène auprès des différentes composantes de la société libyenne, que « le message le plus clair reçu est la volonté de mettre fin au cycle interminable des transitions ».
Elle a ajouté : « Les Libyens souhaitent préserver l’unité du pays et de ses institutions, tout en renouvelant la légitimité politique par des élections et en mettant un terme aux ingérences étrangères, régulièrement dénoncées. »
Fin juillet, Tetteh a mené plusieurs tournées internationales et régionales afin de mobiliser des soutiens pour cette feuille de route destinée à briser le blocage politique, malgré des obstacles majeurs liés aux calculs politiques internes et aux intérêts de puissances étrangères.
Par ailleurs, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé jeudi, dans un rapport présenté au Conseil de sécurité, les dirigeants libyens à « œuvrer de manière constructive sur la base des propositions du comité consultatif et à s’accorder sur une feuille de route menant à des élections ».
Le comité consultatif libyen, composé de 20 experts, a été mis en place par la mission onusienne le 4 février dernier. Après trois mois de travaux, il a proposé plusieurs options : la tenue simultanée d’élections présidentielle et législatives ; l’organisation d’élections parlementaires suivies d’une révision constitutionnelle préalable à une présidentielle fondée sur une Constitution permanente ; l’adoption d’une Constitution avant toute élection ; ou encore la création d’une assemblée constituante en remplacement des institutions actuelles, chargée de préparer une révision constitutionnelle avant le scrutin.
Depuis plusieurs années, la mission de l’ONU œuvre pour amener la Libye vers des élections susceptibles de résoudre la crise née de l’existence de deux gouvernements rivaux : d’une part, le gouvernement d’union nationale dirigé par Abdelhamid Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, contrôlant l’ouest du pays ; et d’autre part, le gouvernement désigné en 2022 par la Chambre des représentants, dirigé par Ossama Hammad, établi à Benghazi, qui administre l’est et la majeure partie du sud libyen.
Les Libyens espèrent que ces élections tant attendues permettront de mettre fin aux conflits politiques et armés, et de clore la longue série de transitions successives ouvertes depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi (1969-2011).