Après la guerre… 4 scénarios encadrent la relation entre l’Iran et les États-Unis

La récente guerre entre l’Iran, Israël et les États-Unis n’a pas été une simple confrontation passagère, mais un tournant révélateur des limites de la politique américaine de « pression maximale ».
À présent que la poussière des combats est retombée, Washington se trouve à un moment décisif : quel chemin emprunter vis-à-vis de Téhéran, et avec quelles répercussions sur la stabilité du Moyen-Orient pour les décennies à venir ?
Quatre scénarios principaux se dessinent, chacun porteur d’opportunités et de risques.
- L’escalade sans fin
Le premier scénario consiste en une spirale de confrontation permanente, caractéristique des relations entre Washington et Téhéran depuis des décennies, et qui a culminé lors de l’affrontement récent.
Dans cette logique, l’Iran continue de développer ses capacités nucléaires et militaires sans franchir le seuil de l’arme nucléaire, tandis que les États-Unis et Israël répondent par davantage de sanctions, d’opérations secrètes et, potentiellement, de nouvelles frappes militaires.
Ce choix permet aux dirigeants d’afficher fermeté et intransigeance, mais comporte des risques extrêmes : la moindre erreur de calcul, comme dans le conflit récent, pourrait déclencher une guerre régionale généralisée.
Selon certains rapports américains, l’escalade donne l’illusion de contrôler la situation, mais mène en réalité à un chaos accru.
- Un accord si une partie cède
Le deuxième scénario repose sur un retour aux négociations nucléaires. L’accord de 2015 autorisait un enrichissement limité de l’uranium sous surveillance stricte, mais l’administration Trump avait exigé le « zéro enrichissement », une ligne rouge inacceptable pour Téhéran.
Malgré l’échec du sixième cycle de discussions à la suite des frappes israéliennes, de nouvelles propositions ont émergé, telles que la création d’un consortium régional d’enrichissement, signe que la diplomatie n’est pas morte.
Cependant, les obstacles structurels demeurent. La politique américaine reste influencée par les faucons pro-israéliens favorables au changement de régime, tandis que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou instrumentalise le dossier iranien pour justifier la présence militaire américaine, garantir un soutien inconditionnel et reléguer au second plan la question palestinienne.
Certains analystes, comme Ali Vaez et Danny Citrinowicz, ont évoqué l’idée d’un pacte de non-agression entre l’Iran et Israël. Mais tant que l’ayatollah Ali Khamenei se méfie de Washington et Tel-Aviv, et que Netanyahou capitalise sur la « menace iranienne » pour nourrir ses ambitions politiques et idéologiques, ce scénario paraît quasi impossible.
- La fuite en avant nucléaire
Le troisième scénario serait que l’Iran, acculée par les pressions, décide de franchir le pas nucléaire en quête de son ultime garantie de dissuasion.
Un pays assiégé par les menaces pourrait considérer l’arme atomique comme une assurance de survie. Mais les risques seraient immenses : isolement international, course régionale à l’armement, et intensification des guerres de l’ombre contre Téhéran.
L’exemple russe illustre clairement cette impasse : l’arme nucléaire n’a pas empêché Moscou de subir des sanctions économiques sévères ni de s’enliser dans des conflits.
Pour l’Iran, la bombe n’allégerait pas les sanctions, n’assainirait pas l’économie, ni n’arrêterait les sabotages. Elle procurerait un sentiment de puissance, mais à un coût potentiellement ruineux et autodestructeur.
- La patience stratégique et le pivot vers l’Est
Le quatrième scénario repose sur la patience stratégique : maintenir la situation actuelle sans escalade majeure, tout en renforçant les capacités défensives et balistiques, et en approfondissant les partenariats militaires et économiques avec la Chine et la Russie, abandonnant de facto l’espoir d’une normalisation avec l’Occident.
Cette approche reflète la vision du guide suprême : consolider l’intérieur, renforcer l’autosuffisance et attendre un basculement des équilibres mondiaux avec le désengagement progressif des États-Unis du Moyen-Orient.
L’Iran parie ainsi sur le temps et sa résilience pour surmonter les pressions, un pari d’autant plus séduisant que la Chine s’affirme comme fournisseur militaire fiable après le succès de ses technologies dans le conflit indo-pakistanais récent.
Néanmoins, ce pivot vers l’Est accentue l’isolement de l’Iran vis-à-vis des marchés occidentaux et accroît sa dépendance à Pékin et Moscou. Malgré cela, il reste cohérent avec la doctrine iranienne fondée sur la résistance et l’autonomie.