Politique

Israël se prépare à mettre en œuvre un plan d’occupation de Gaza et d’évacuation de ses habitants


L’approbation par Israël d’un plan de contrôle total de la bande de Gaza intervient au moment où les tensions diplomatiques atteignent un sommet, notamment avec la France et l’Australie, en raison de l’intention affichée de plusieurs pays européens et alliés de reconnaître officiellement l’État de Palestine.

Le ministre israélien de la Défense, Yisrael Katz, a validé mercredi une stratégie visant à prendre le contrôle de la ville de Gaza. Selon un communiqué du ministère, il a parallèlement ordonné la mobilisation de 60 000 réservistes pour participer à l’opération, qualifiée de la plus vaste campagne militaire depuis le début de la guerre. Cette initiative, largement rejetée par le monde arabe et une grande partie de l’Europe, intervient dans un climat de tensions croissantes avec la communauté internationale, en particulier autour du projet israélien de déplacer de force la population civile du territoire.

Le ministère israélien de la Défense a indiqué que Katz avait également donné son feu vert aux « préparatifs humanitaires d’évacuation » des habitants de la ville, une mesure jugée hautement controversée et susceptible d’exacerber davantage l’isolement diplomatique de Tel-Aviv.

Dès le début du mois d’août, Israël avait annoncé son intention de s’emparer de Gaza et des camps de déplacés voisins, affichant pour objectif officiel la neutralisation du Hamas et la libération des otages enlevés lors de l’attaque du 7 octobre 2023, événement déclencheur du conflit en cours.

La semaine dernière, le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait confirmé que le gouvernement de sécurité restreint avait approuvé ce plan d’occupation.

Cette escalade militaire s’inscrit dans un contexte de frictions diplomatiques croissantes : la France et l’Australie figurent parmi les États qui prévoient de reconnaître la Palestine lors de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.

Les tensions se sont intensifiées avec Canberra après que Netanyahou a qualifié le Premier ministre australien Anthony Albanese de « politicien faible ayant trahi Israël ». En réponse, le ministre australien de l’Intérieur Tony Burke a dénoncé des propos « indécents », ajoutant que « la force ne se mesure ni au nombre de personnes que l’on peut bombarder, ni au nombre d’enfants que l’on peut laisser mourir de faim ».

Les relations bilatérales se sont envenimées : après que l’Australie a décidé de reconnaître la Palestine et annulé le visa d’un député israélien d’extrême droite, Tel-Aviv a répliqué en retirant les accréditations de plusieurs diplomates australiens auprès de l’Autorité palestinienne.

Un climat similaire prévaut avec Paris. Netanyahou a adressé une lettre au président Emmanuel Macron, l’accusant d’« attiser l’antisémitisme » par sa décision de reconnaître la Palestine en septembre. L’Élysée a immédiatement réagi, dénonçant des « propos odieux, fondés sur des contre-vérités » et rappelant que « la République protégera toujours ses citoyens juifs avec la plus grande fermeté ».

La polémique s’ajoute à une série de désaccords persistants entre la France et Israël : livraisons d’armes, politique de colonisation en Cisjordanie, et surtout, condamnation par Paris de la catastrophe humanitaire à Gaza, qualifiée de « honte » et de « scandale ».

Enfin, la présidence palestinienne a fermement rejeté les attaques verbales de Netanyahou contre Macron et Albanese, estimant que l’amalgame constant entre critique de l’occupation israélienne et antisémitisme « est éculé, fallacieux et ne convainc plus personne ».

À l’approche de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, ce bras de fer met en lumière une fracture diplomatique majeure : d’un côté, un Israël déterminé à poursuivre son offensive militaire et à empêcher toute reconnaissance internationale de la Palestine ; de l’autre, une coalition croissante d’États occidentaux et arabes décidés à traduire en actes le principe de la solution à deux États.

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