Plainte judiciaire contre le secrétaire général adjoint du Hezbollah pour menace de guerre civile au Liban

Un groupe de députés et de personnalités politiques a annoncé mardi, à l’issue d’une réunion d’urgence, son intention de déposer une plainte auprès du parquet de cassation contre le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Qassem, en raison de déclarations jugées dangereuses pour la stabilité du pays.
La réunion, tenue dans le bureau du député et ancien général Achraf Rifi à Achrafieh (Beyrouth), a rassemblé plusieurs élus et représentants de la coalition dite de la « Frontière souverainiste », dont les députés Georges Oqaïs, Camille Chamoun, Élie Khoury, l’ancien député Eddy Abillama, ainsi que les avocats Élie Mahfoud et Abdelmajid Awad.
Selon le communiqué final, les participants ont considéré que les propos récents de Naïm Qassem « frôlaient l’incitation à la guerre civile et à la discorde confessionnelle », mettant en péril « la sécurité du Liban et des Libanais ».
L’avocat et chef du mouvement « Changement », Élie Mahfoud, s’exprimant au nom des participants, a déclaré :
« Dans ce moment décisif de l’histoire du Liban, alors que nous menons une lutte pour libérer notre pays de décennies d’hégémonie iranienne, source de répression, d’assassinats et d’agressions, et alors que s’ouvre une nouvelle ère prometteuse avec un président de la République souverain, Joseph Aoun, un Premier ministre courageux, Nawaf Salam, et un gouvernement déterminé à mettre fin à l’anomalie des armes illégales détenues par une milice opérant au service de l’Iran, voilà que le cheikh Naïm Qassem se permet des menaces directes, mettant en danger tout le peuple libanais. »
Estimant que « le silence équivaudrait à une complicité », les participants ont décidé de recourir à la justice afin d’« agir immédiatement contre l’intéressé avant qu’il ne soit trop tard ».
La plainte, qui s’appuiera sur plusieurs articles du Code pénal libanais (288, 295, 303, 307 et 317, en lien avec l’article 24 et suivants de la loi 137/59 modifiée), visera Qassem et toute personne identifiée par l’enquête comme complice, instigateur ou coauteur. Le député Rifi a été chargé de coordonner les démarches avec les autres parlementaires.
Cette initiative intervient dans un climat politique tendu. Le 5 août, le gouvernement a confié à l’armée l’élaboration d’un plan visant à placer, d’ici la fin de l’année, toutes les armes sous le contrôle exclusif de six forces de sécurité officielles. Deux jours plus tard, il a adopté les grandes lignes d’un document remis par l’émissaire américain Thomas Barrack, relatif à la consolidation d’un cessez-le-feu en vigueur depuis le 27 novembre 2024, en vue d’un règlement global et durable.
Ces décisions ont accentué les divisions politiques. Le Hezbollah les a catégoriquement rejetées. Le 15 août, Naïm Qassem a réaffirmé que « la résistance ne déposera pas ses armes », menaçant d’entrer dans une « bataille à la manière de Karbala » contre ce qu’il a qualifié de « projet américano-israélien ». Il a en outre imputé au gouvernement « l’entière responsabilité de toute discorde ou explosion interne ».
Longtemps considéré comme la force politique et militaire la plus influente du pays, bénéficiant du soutien de Damas et de Téhéran, le Hezbollah apparaît affaibli depuis sa dernière confrontation avec Israël, qui a entraîné la perte de plusieurs de ses commandants et la destruction d’une partie importante de son arsenal.
La confrontation actuelle illustre une lutte de fond sur l’identité et l’avenir de l’État libanais : entre ceux qui défendent la souveraineté nationale et l’autorité exclusive de l’État, et ceux qui continuent de prôner le maintien d’une force armée parallèle, présentée comme un rempart contre les menaces extérieures.