Entre la pression de la rue et les menaces de ses partenaires : les scénarios de réponse de Netanyahou à la proposition sur Gaza

À mesure que s’approche le moment de négocier une trêve à Gaza, les calculs de Netanyahou se complexifient entre les demandes de la rue et les exigences de ses partenaires politiques.
Lundi, le Hamas a informé les médiateurs égyptiens et qataris de son accord sur une nouvelle proposition qui lui a été remise au Caire, portant sur un cessez-le-feu de 60 jours dans la bande de Gaza et la libération des otages israéliens en deux étapes.
On dit que cette proposition égypto-qatarie s’appuie sur un cadre présenté en juin dernier par l’envoyé américain Steve Witkoff.
Israël n’a pas encore commenté l’accord du Hamas, et tous les regards se tournent désormais vers la réaction de Netanyahou.
Depuis plus de 22 mois, les efforts des médiateurs n’ont pas permis d’obtenir un cessez-le-feu permanent dans la guerre déclenchée après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Depuis, plus de 62 000 Palestiniens ont été tués à Gaza, selon le ministère de la Santé. La plupart des habitants ont été déplacés à plusieurs reprises. Plus de 90 % des habitations seraient endommagées ou détruites, et les systèmes de santé, d’eau, d’assainissement et d’hygiène se sont effondrés.
La nouvelle proposition intervient après que le Conseil de sécurité israélien a validé un plan visant à prendre le contrôle de Gaza-ville, au nord de l’enclave, dans un contexte d’avertissements internationaux sur la famine qui menace le territoire assiégé et dévasté.
La proposition acceptée par le Hamas prévoit :
- Un cessez-le-feu de 60 jours ;
- La libération de la moitié des otages israéliens encore détenus à Gaza — dont 20 seraient en vie sur les 49 recensés — en échange d’une libération de prisonniers palestiniens par Tel-Aviv ;
- L’entrée d’une aide humanitaire suffisante pour répondre aux besoins de la population.
Selon des diplomates cités par le New York Times, cette proposition ressemble à des formules de négociation qu’Israël avait déjà acceptées par le passé, mais elle ne répond pas à l’exigence centrale de Netanyahou : la libération de tous les otages en une seule fois, assortie de garanties sécuritaires assurant un contrôle israélien sur Gaza et la mise en place d’une administration civile indépendante du Hamas comme de l’Autorité palestinienne.
Un responsable du Jihad islamique a confirmé à l’AFP que l’initiative prévoit « un cessez-le-feu temporaire de 60 jours durant lesquels dix Israéliens vivants seraient libérés et plusieurs corps restitués, avec la perspective de négociations immédiates pour un accord plus global incluant des garanties pour l’après-guerre dans la bande de Gaza ».
Pendant ce temps, des témoins à Gaza ont rapporté que des chars israéliens, appuyés par des frappes aériennes et de l’artillerie, ont soudainement avancé dans le quartier de Sabra, au sud de la ville, encerclant des écoles et une clinique gérée par l’ONU qui abritaient des centaines de déplacés.
La position et les conditions de Netanyahou
La semaine dernière, Netanyahou déclarait sur la chaîne i24 que « la phase des échanges partiels d’otages est derrière nous », réaffirmant que son gouvernement exigeait un accord « tout contre tous ».
Il a également répété son refus de toute formule permettant le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza, préférant la création d’une nouvelle administration locale sous supervision israélienne.
Selon son bureau, Netanyahou a discuté lundi avec le ministre de la Défense Yisrael Katz et les chefs de l’armée des « plans pour compléter les opérations à Gaza », sans évoquer directement la proposition égypto-qatarie. Mais il a insisté sur le fait que « le Hamas est sous une énorme pression », laissant entendre que le temps joue en faveur d’Israël.
Les options complexes de Netanyahou
Sur le papier, la trêve proposée pourrait représenter une respiration, mais pour Netanyahou, c’est avant tout un défi politique interne avant d’être une question de négociation avec le Hamas.
L’opposition israélienne, soutenue par les familles d’otages, presse le gouvernement de conclure un accord garantissant leur libération. Mais certains ministres du cabinet, dont Itamar Ben-Gvir (Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (Finances), exigent la poursuite de la guerre jusqu’à la « destruction totale du Hamas » et l’imposition d’un contrôle total sur Gaza.
Dimanche soir, des centaines de milliers d’Israéliens se sont rassemblés à Tel-Aviv pour demander à leur gouvernement de conclure un accord avec le Hamas afin de mettre fin immédiatement à la guerre et de ramener tous les otages.
Les familles redoutent qu’une nouvelle offensive sur Gaza-ville ne mette en danger la vie des captifs.
Netanyahou avait déjà fixé ses conditions : la libération simultanée de tous les otages, un contrôle sécuritaire israélien sur Gaza et la formation d’un gouvernement local excluant à la fois le Hamas et l’Autorité palestinienne.
Scénarios possibles de réponse de Netanyahou
- L’accord conditionnel : accepter la trêve mais avec des amendements lui offrant une issue politique, par exemple en liant l’accord à la poursuite d’opérations militaires ou à de nouvelles garanties sécuritaires.
- Le refus direct : s’en tenir à l’exigence du « tout contre tous » et juger la proposition insuffisante. Ce scénario satisferait ses partenaires les plus radicaux, mais l’exposerait à de vives critiques internes et internationales.
- La temporisation : différer la réponse et prolonger les discussions pour gagner du temps afin de poursuivre les opérations militaires, tout en laissant une porte ouverte aux médiateurs.