Sommet Trump-Poutine : l’Alaska ravive son histoire et ambitionne un rôle stratégique

L’État américain de l’Alaska se prépare à accueillir, vendredi prochain, un sommet historique réunissant le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine.
Les habitants de l’Alaska espèrent que cette rencontre leur offrira une occasion unique de se placer sous les projecteurs de la scène internationale.
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L’Alaska entretient des liens profonds avec l’histoire et la culture russes, remontant à l’époque où elle faisait partie de l’Empire russe au XVIIIe siècle, selon le New York Times. Bien que les États-Unis aient acquis ce territoire en 1867, les communautés russophones y ont préservé leur identité. Des églises orthodoxes russes, reconnaissables à leurs coupoles caractéristiques, parsèment encore le territoire, des îles Aléoutiennes isolées jusqu’à Anchorage, la plus grande ville de l’État.
Brandon Boylan, professeur à l’Université d’Alaska à Fairbanks et spécialiste des relations américano-russes, souligne : « La culture et l’histoire russes sont profondément ancrées en Alaska… Il subsiste de nombreux vestiges de l’héritage russo-américain. »
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Durant la guerre froide, l’Alaska constituait une ligne de défense avancée contre l’Union soviétique. Elle est ensuite devenue un centre d’initiatives visant à renforcer les relations entre les États-Unis et la Russie post-soviétique, jusqu’à ce que la guerre en Ukraine renverse cette dynamique. « Si les tensions s’aggravent à nouveau, je pense que nous en ressentirons les effets ici avec une intensité particulière », observe Boylan.
L’emplacement stratégique de l’Alaska, au carrefour de l’Asie et de l’Amérique du Nord, en a longtemps fait un point clé de la diplomatie internationale. Ainsi, en 2021, l’administration Biden y avait tenu des pourparlers de haut niveau avec la Chine, à l’hôtel Captain Cook d’Anchorage.
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Bien que la Maison-Blanche n’ait pas révélé le lieu exact de la rencontre Trump–Poutine, Larry Disbro, agent immobilier, affirme avoir loué une maison de six chambres au Secret Service pour l’événement. « On comprend pourquoi l’Alaska pourrait séduire pour un rendez-vous de ce genre, d’un point de vue historique… mais je dois dire que j’ai été surpris », a-t-il déclaré.
La maire d’Anchorage, Suzanne LaFrance, se dit prête : « Accueillir des dirigeants n’a rien d’inhabituel pour nous. C’est inscrit dans notre histoire d’être un point de convergence diplomatique. »
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David Ramseur, ancien collaborateur de deux gouverneurs, rappelle que « les partisans de l’Alaska cherchent depuis longtemps à en faire une porte d’entrée internationale ». Auteur de Melting the Ice Curtain: The Extraordinary Story of Citizen Diplomacy on the Russia-Alaska Frontier, il estime que « cela place l’Alaska sur la carte, ne serait-ce que pour quelques heures ».
À Anchorage, l’influence russe est encore visible : une chaîne de petites épiceries vend des produits russes et un restaurant du centre-ville, très fréquenté, propose des spécialités comme les pelmeni.
Depuis son premier mandat en 2017, Donald Trump a visité l’Alaska à au moins cinq reprises, souvent pour s’arrêter à la base conjointe Elmendorf-Richardson. Le sommet de vendredi marquera cependant sa première visite officielle dans l’État depuis le début de son second mandat.
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