Après Gaza : questions sur le sort d’Al-Mawasi et de la zone centrale saturée de déplacés

Après l’annonce par Israël de sa décision de prendre le contrôle de la ville de Gaza, l’attention se tourne vers la prochaine étape de l’opération militaire.
Beaucoup s’interrogent sur un possible scénario d’escalade similaire dans la zone d’Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younès, et dans les camps de la province centrale, malgré leur forte densité de déplacés et la complexité de la situation humanitaire.
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Alors que de plus en plus d’Israéliens expriment leur inquiétude face à un conflit qui dure depuis 22 mois, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a déclaré que le cabinet de sécurité avait ordonné la semaine dernière de démanteler les bastions du Hamas, non seulement dans la ville de Gaza, mais aussi dans les « camps centraux » et à Al-Mawasi.
Un responsable au fait du dossier, s’exprimant sous couvert d’anonymat auprès de l’Associated Press, a confirmé qu’Israël planifiait des opérations dans les deux zones.
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Les camps de la province centrale, qui abritent plus d’un demi-million de déplacés selon l’ONU, n’ont pas été mentionnés dans l’annonce israélienne de vendredi, sans explication claire. Netanyahou a cependant essuyé des critiques au sein même de sa coalition, certains jugeant que cibler la seule ville de Gaza était insuffisant.
La province centrale comprend les camps de Deir al-Balah, Nuseirat, Bureij et Maghazi, ainsi que les localités de Zawaida, Wadi al-Salqa et al-Musaddar. Nuseirat et Bureij jouxtent le corridor de Netzarim, où se trouvent actuellement les forces israéliennes, tandis que Deir al-Balah se situe sur la route côtière menant à Al-Mawasi, en position stratégique sur deux axes principaux traversant la bande.
Ces camps couvrent environ 10 % de la superficie totale de Gaza. Ils ont été construits après 1948 pour accueillir les Palestiniens déplacés de leurs villages et villes.
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Une nuit de feu
Tard dimanche, Gaza a été frappée par des raids aériens israéliens massifs. Al Jazeera a annoncé la mort de deux de ses journalistes, Anas al-Sharif et Mohammed Qareqa, dans un bombardement ayant visé une tente de presse adjacente au complexe médical Al-Shifa.
Rami Mehnna, directeur administratif de l’hôpital Al-Shifa, a déclaré que la frappe avait touché la tente des journalistes d’Al Jazeera à l’extérieur de l’enceinte. Trois autres journalistes, dont des photographes, ainsi qu’un chauffeur, ont également été tués.
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Dimanche, avant une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, Netanyahou a réaffirmé devant la presse étrangère : « Notre objectif n’est pas d’occuper Gaza, mais de la libérer ». Il a précisé que ses objectifs incluaient le désarmement de la bande, le maintien d’un « contrôle sécuritaire suprême » par Israël, et la gestion civile par une entité non israélienne.
Il a imputé à nouveau au Hamas la responsabilité de nombreuses souffrances à Gaza, y compris les pertes civiles, la destruction et le manque d’aide. Hamas a répliqué par un communiqué qualifiant ses propos de « mensonges flagrants ».
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Entre diplomatie et terrain
Sur le plan diplomatique, les États-Unis ont défendu Israël et rejeté les accusations de génocide, tandis que la Chine, la Russie et d’autres membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur inquiétude face à un « châtiment collectif » et à une « escalade imprudente ». Même l’Allemagne, l’un de ses alliés les plus proches, a suspendu certaines exportations d’équipements militaires vers Israël, sous la pression des critiques internationales.
Sur le terrain, des rapports ont fait état de morts parmi des Palestiniens tentant de se procurer de l’aide. Les hôpitaux ont recensé au moins 31 victimes dans des incidents distincts près de couloirs et points de distribution contrôlés par Israël, notamment à Morag, Netzarim et dans la zone de Tineh, au sud de Gaza. Des témoins accusent les forces israéliennes d’avoir tiré sur la foule, ce que l’armée nie.
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La crise humanitaire s’aggrave : depuis le début de la guerre, 100 enfants seraient morts de faim et 117 adultes de malnutrition depuis juin, selon le ministère de la Santé de Gaza. Ce dernier fait état d’un bilan total de 61 400 morts, dont près de la moitié sont des femmes et des enfants. Les responsables onusiens avertissent que la situation est passée d’une « famine imminente » à une famine « avérée ».
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