L’ONU pousse pour une solution politique en Libye avec la nomination de la Suédoise Richardson

La nomination de Richardson en tant que coordinatrice résidente en Libye reflète la volonté de l’ONU d’adopter une approche globale dans le pays, combinant solution politique et traitement des questions humanitaires et économiques.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a nommé vendredi la Suédoise Ingeborg Ulrika Olofsdotter Richardson nouvelle adjointe de sa représentante spéciale en Libye et coordinatrice résidente dans le pays.
Cette nomination intervient à un moment critique, alors que la mission fait face à des défis complexes sur les plans politique et sécuritaire, et que la représentante spéciale, Hanna Tetteh, prépare une feuille de route ambitieuse à soumettre au Conseil de sécurité.
Cette décision constitue une étape stratégique de l’ONU pour restructurer son équipe, dans le but de dépasser les obstacles enracinés et de trouver des solutions décisives pour mettre fin à la division politique et aux conflits persistants.
Richardson succède à Ines Shamma de Zimbabwe, dont le secrétaire général a exprimé sa gratitude pour son service dévoué au cours de la période écoulée, selon le site « Nations Unies Actualités ».
Richardson dispose de plus de 30 ans d’expérience dans les domaines du développement, de l’aide humanitaire, de la reconstruction post-conflit et des droits humains. Elle a travaillé avec l’ONU dans plusieurs régions, dont l’Afrique de l’Ouest et centrale, la Caraïbe, les Balkans occidentaux et l’Europe du Sud-Est.
Elle a occupé précédemment les fonctions de cheffe adjointe de la mission intégrée des Nations unies en Haïti, coordinatrice résidente et coordinatrice humanitaire en Haïti depuis 2022, et avant cela coordinatrice résidente au Kosovo, où elle a collaboré étroitement avec la Mission d’administration intérimaire des Nations unies au Kosovo.
Cette expérience diversifiée la qualifie pour gérer le paysage complexe libyen, où les enjeux humanitaires et de développement se mêlent aux crises politiques et sécuritaires.
Richardson est titulaire d’un master en économie du développement de l’Université de Göteborg et d’une licence en sciences sociales de l’Université de Lund en Suède.
Outre sa langue maternelle suédoise, elle maîtrise couramment l’anglais, le français, le portugais et l’espagnol.
Cette nomination s’inscrit dans la continuité des efforts de Guterres pour nommer une nouvelle équipe dirigeante pour la mission, après la nomination en janvier dernier de Hanna Tetteh comme représentante spéciale et cheffe de mission en Libye.
Ce choix est perçu comme un renouvellement et une nouvelle orientation pour la mission onusienne, critiquée pour son incapacité à progresser concrètement dans la résolution de la crise libyenne.
L’expérience de Richardson en coordination des affaires humanitaires et de développement montre que l’ONU cherche à adopter une approche globale, incluant non seulement des solutions politiques, mais aussi le traitement des causes profondes de la crise, telles que le développement durable et la reconstruction.
Cette nomination coïncide avec la préparation par Tetteh d’une feuille de route à soumettre au Conseil de sécurité le 21 août. Lors de sa visite en Italie lundi dernier, elle a dévoilé les grandes lignes de son plan, fondé sur une « approche sociale ascendante » visant à bâtir la légitimité de la solution politique de la base populaire jusqu’au sommet politique, marquant un tournant par rapport aux tentatives précédentes focalisées sur les négociations des élites politiques.
Cette feuille de route tire sa légitimité d’une série de consultations étendues menées par la mission avec les composantes de la société libyenne, incluant un sondage auquel ont participé plus de 15 000 citoyens, dans une tentative de dépasser l’approche « imposée d’en haut ».
Cependant, cette approche ambitieuse fait face à d’importants obstacles reconnus par Tetteh elle-même, notamment l’absence d’une politique financière unifiée, l’effondrement de la banque centrale et la présence répandue de mercenaires étrangers à l’est et à l’ouest du pays.
Ce contraste entre l’approche populaire proposée et la réalité complexe sur le terrain menace de saper la feuille de route avant même sa naissance, car un règlement politique durable est impossible sans une autorité financière unifiée et dans un contexte d’insécurité alimenté par les milices et mercenaires.
C’est pourquoi le rôle de Richardson dans la coordination des affaires humanitaires et de développement est crucial. Son travail dans ces domaines pourrait compléter les efforts politiques. En traitant les enjeux économiques et humanitaires, la mission peut bâtir des ponts de confiance avec les Libyens et créer un environnement plus propice au dialogue politique. Toutefois, le succès dépendra de la capacité de la mission à concilier ces objectifs contradictoires et à trouver des solutions concrètes aux défis sécuritaires et financiers qui entravent tout progrès vers la réconciliation et les élections.
La crise libyenne se poursuit depuis 2022, avec deux gouvernements rivaux : le Gouvernement d’unité nationale, dirigé par Abdelhamid Dbeibeh, dont le mandat est expiré, basé à Tripoli, et un gouvernement désigné par le parlement, contrôlant l’est et certaines villes du sud, sous la direction d’Osama Hamad.
La mission onusienne vise à conduire le pays vers des élections qui mettraient fin aux périodes transitoires successives. La nomination de Richardson et son large savoir-faire témoignent de la détermination de l’ONU à intensifier ses efforts, mais le succès dépendra largement de la capacité de la nouvelle équipe à relever les immenses défis posés par la réalité libyenne complexe.