Anniversaire de la catastrophe du port de Beyrouth : la justice reprend son cours malgré les obstacles du Hezbollah

Cinq ans après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth, les familles des victimes abordent cette commémoration avec un sentiment différent. Pour la première fois, l’espoir renaît : l’enquête judiciaire progresse après avoir surmonté d’importantes entraves politiques.
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Depuis le 4 août 2020, date à laquelle une explosion massive a ravagé la capitale libanaise, tuant 230 personnes et blessant plus de 5 000, les proches des victimes attendent que justice soit rendue et que les responsabilités soient établies. Cet événement a traumatisé un pays déjà ébranlé par la crise économique, la corruption endémique et l’instabilité politique.
Contrairement aux années précédentes où l’enquête a été systématiquement bloquée, notamment par des pressions politiques exercées par le Hezbollah et le mouvement Amal, le processus judiciaire semble enfin retrouver un cours normal. Le juge chargé du dossier, Tarek Bitar, a pu reprendre ses investigations et se rapproche désormais de la clôture du dossier pour le transmettre à la justice.
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Le Hezbollah et ses alliés ont longtemps accusé le juge Bitar de partialité et de politisation du dossier, en réaction à ses mandats d’arrêt émis contre des figures politiques influentes, dont l’ancien ministre des Finances Ali Hassan Khalil. À l’époque, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait mis en garde contre une « grande catastrophe » si le juge poursuivait dans cette voie.
Une enquête sous haute tension
Le ministre de la Justice a récemment déclaré que l’enquête judiciaire était dans une phase avancée, bien qu’aucune date ne puisse être fixée pour la publication des résultats. Le juge Bitar serait proche de finaliser ses investigations sur ce qu’il qualifie de « crime majeur ».
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Le Premier ministre, Nawaf Salam, a insisté sur le fait que nul ne saurait être au-dessus de la loi, appelant les acteurs politiques à cesser toute ingérence dans le travail du pouvoir judiciaire. De son côté, le président Joseph Aoun a réaffirmé l’engagement de l’État à faire toute la lumière sur cette tragédie. Il a déclaré que « la justice ne reconnaît pas les exceptions » et que « tous devront rendre des comptes, sans discrimination ».
Pour les familles endeuillées, ces prises de position officielles nourrissent un regain d’espoir. Comme l’a souligné le président Aoun : « Le sang de vos proches ne sera pas versé en vain. La justice arrive, et les responsables seront jugés. »
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Vers un procès
Le juge Tarek Bitar a repris son enquête en janvier dernier après deux années d’interruption forcée. Il prévoit de transmettre le dossier au parquet de cassation pour avis final, avant de formuler l’acte d’accusation.
Depuis le début, les autorités ont attribué la catastrophe à la présence non sécurisée de grandes quantités de nitrate d’ammonium stockées dans un entrepôt du port, après un incendie dont l’origine reste inconnue. Il a ensuite été révélé que plusieurs responsables, à différents niveaux de l’administration, étaient informés des dangers potentiels, sans qu’aucune mesure ne soit prise.
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