Politique

Netanyahou pris au piège de l’armée à cause de Gaza : rébellion des généraux, absence des soldats


Après de longs mois de guerre sur plusieurs fronts, soldats et généraux israéliens tournent désormais le dos au Premier ministre Benyamin Netanyahou, laissant présager une forme de rébellion au sein de l’armée.

En octobre dernier, Ron Weiner a été blessé dans le sud du Liban.

Ce soldat, qui rêvait de suivre les traces de son père, officier d’infanterie dans l’armée israélienne, a été gravement touché, et refuse aujourd’hui de reprendre du service en réserve, potentiellement à Gaza, écœuré par une guerre qui a coûté la vie à plus de 59 000 Palestiniens.

Dans une déclaration au Telegraph, Weiner, 26 ans, explique : « Lorsque le bombardement de Gaza a repris, j’ai compris que notre gouvernement ne voulait pas mettre fin à cette guerre, mais la prolonger autant que possible. »

Il poursuit : « À ce moment-là, j’ai réalisé que je ne pouvais pas y retourner. »

Israël a condamné Weiner à 25 jours de prison pour avoir refusé son service, un comportement qui, selon plusieurs sources, reflète une tendance croissante parmi les jeunes réservistes israéliens qui ne veulent plus participer à la guerre à Gaza.

Refus de guerre

La majorité des soldats ignoreraient désormais les convocations, prétextant un oubli de consulter leurs courriels ou des urgences médicales ou familiales.

Pour Weiner, les images d’enfants affamés à Gaza poussent de plus en plus de soldats à refuser les ordres.

Son rejet de la guerre rejoint l’analyse d’un nombre croissant de hauts gradés actifs ou à la retraite, qui estiment que le conflit est devenu vain.

Le général Assaf Orion, ancien chef de la planification stratégique de l’armée israélienne, a déclaré au Telegraph que, si les guerres contre l’Iran et le Hezbollah poursuivaient des objectifs stratégiques clairs, ce n’est plus le cas à Gaza, où il n’y aurait plus de nécessité militaire.

Il a affirmé : « Je pense que la raison principale de la poursuite de la guerre à Gaza est d’ordre politique. »

Eran Etzion, ancien directeur adjoint du Conseil de sécurité nationale israélien, s’est montré plus direct : « La plupart des Israéliens ont compris depuis longtemps que les raisons principales de la poursuite de la guerre sont les intérêts politiques, personnels et judiciaires du Premier ministre Netanyahou », estimant qu’il a « besoin de cette guerre pour rester au pouvoir et le renforcer ».

Fracture croissante

Beaucoup craignent que Netanyahou voie sa coalition s’effondrer si la guerre prend fin, notamment à cause du retrait possible des partis ultranationalistes.

Selon certaines informations, le chef d’état-major Eyal Zamir estimerait lui aussi que la poursuite des combats n’est pas justifiée, d’autant que cela met en péril la vie d’une vingtaine d’otages encore en vie à Gaza.

Récemment, les négociateurs israéliens sont revenus bredouilles de Doha, dans un climat de pessimisme quant à la possibilité d’un accord. Sur le plan international, la réputation d’Israël se dégrade, même auprès de ses alliés traditionnels comme le Royaume-Uni, la France, le Canada ou l’Australie, qui dénoncent la famine à Gaza.

Dans ce contexte, plusieurs positions internes à Israël sont contradictoires. Eyal Zamir s’opposerait au plan du ministre de la Défense, Yoav Gallant, visant à déplacer toute la population civile de Gaza vers une « ville humanitaire » construite sur les ruines de Rafah.

Zamir chercherait aussi à éviter que ses officiers soient accusés de complicité dans des crimes de guerre, craignant que cette relocalisation ne soit qu’un prélude à un déplacement forcé de la population.

Le plan semble inacceptable aux yeux de nombreux généraux, d’autant plus que les forces armées israéliennes sont placées au cœur du nouveau système d’aide humanitaire soutenu par les États-Unis, alors que l’ONU accuse l’armée israélienne d’avoir tué plus de mille civils près des points de distribution de cette aide.

Absences en hausse

Face à cette situation, la colère monte au sein de l’armée.

Les chiffres exacts restent confidentiels, mais certains groupes estiment que seulement 60 % des réservistes répondent aux appels. La majorité des absents pratiqueraient ce que l’on appelle le « refus gris » : invoquant des soucis familiaux ou de santé, ou encore des voyages à l’étranger.

Les refus explicites pour des raisons politiques restent rares, mais sont en augmentation, comme en témoignent les lettres ouvertes signées par des réservistes dénonçant la gestion de la guerre par Netanyahou.

Avec la baisse importante des effectifs, il se dit que certains officiers auraient recours aux réseaux sociaux pour supplier les soldats de revenir au service.

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