Le Soudan entre le retour des islamistes et la reproduction du pouvoir militaire : Contexte et enquête politique

Depuis le déclenchement de la guerre entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide en avril 2023, le Soudan traverse un vide politique et sécuritaire ayant permis le retour sur le devant de la scène d’anciennes forces, au premier rang desquelles le mouvement islamique lié au régime d’Omar el-Béchir. Dans un rapport publié par l’agence Reuters le 25 mai 2025, un avertissement clair a été lancé concernant la tentative des islamistes de reprendre une influence politique avec le soutien de l’armée, alors que des signes indiquent une transition prolongée qui pourrait maintenir le pouvoir entre les mains de l’institution militaire.
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Mouvements islamistes : un retour via l’« armée »
Déclarations d’Ahmed Haroun :
Le président du Parti du Congrès national (dissous) et recherché à l’échelle internationale a affirmé que les prochaines élections pourraient représenter une porte d’entrée pour le retour de son parti et du mouvement islamique. Il a souligné que l’armée ne céderait pas facilement le pouvoir après la guerre.
Soutien extérieur :
Selon des sources militaires relayées par Reuters, certains dirigeants islamistes ont ravivé d’anciennes alliances avec l’Iran, la Turquie et le Qatar afin de fournir des armes et un soutien financier à l’armée. Cela traduit une résurgence des réseaux régionaux ayant autrefois soutenu le régime de Béchir.
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Lecture des calculs de l’armée
Confrontée à une guerre ouverte sur plusieurs fronts, l’armée cherche à renforcer sa mainmise à tout prix. Son alliance temporaire avec les islamistes semble davantage relever d’un choix stratégique pour sécuriser un appui logistique et financier que d’un partenariat idéologique.
Cependant, cette orientation inquiète les forces civiles et plusieurs puissances régionales qui considèrent le retour des islamistes comme une menace directe à la transition démocratique.
Répercussions régionales : les Émirats face à l’axe Téhéran–Ankara–Doha
Rôle des Émirats arabes unis :
Historiquement, les Émirats ont joué un rôle central dans le soutien à la transition civile et dans la réduction de l’influence de l’islam politique. Ils ont contribué à la chute du régime de Béchir en 2019, dans le cadre d’une alliance arabe visant à promouvoir la stabilité régionale.
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Reconfiguration des alliances :
Les récents mouvements militaires à Port-Soudan suggèrent que l’armée redessine ses lignes d’alliance, ce qui reflète un changement stratégique susceptible d’élargir le fossé avec certaines puissances régionales opposées au retour des islamistes au pouvoir.
Division interne croissante
Le retour – même indirect – des islamistes annonce une reproduction des divisions politiques et sociales antérieures à la révolution de décembre 2018. Parallèlement, les forces civiles restent fragmentées et incapables d’imposer une alternative crédible, offrant ainsi à l’armée et aux islamistes une opportunité de partage du pouvoir, en l’absence d’une vision nationale unifiée.
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Scénarios possibles
- Transition militaire-islamiste prolongée :
Des élections organisées sous la supervision de l’armée ouvrent la voie à un retour des islamistes par les urnes. - Accord civil avec soutien régional et international :
Les acteurs influents interviennent pour limiter l’influence des islamistes et pousser l’armée à adopter des réformes sécuritaires et politiques. - Effondrement généralisé :
La guerre perdure, l’État central se désintègre, toutes les forces s’affaiblissent et le Soudan devient un champ de luttes d’influence.
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Les alertes de Reuters ne relèvent pas de simples spéculations. Elles révèlent des mutations politiques et sécuritaires graves pouvant ramener le Soudan dans le cycle du pouvoir islamiste sous couvert militaire. À l’inverse, l’espoir repose sur l’unification des forces civiles et sur le rôle renforcé des acteurs régionaux favorables à la stabilité – comme les Émirats – pour freiner tout scénario qui ramènerait le pays au point de départ.
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