Grand Maghreb

Tetteh s’apprête à présenter une feuille de route globale sur les élections libyennes au Conseil de sécurité


Alors que les tensions politiques et sécuritaires s’intensifient dans la capitale libyenne, Tripoli, les Nations Unies multiplient leurs efforts afin de relancer un processus politique paralysé depuis longtemps par des désaccords profonds entre les différentes parties libyennes.

Dans ce contexte, la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Libye, Hanna Tetteh, a annoncé que sa mission s’apprêtait à soumettre au Conseil de sécurité une feuille de route globale lors de son prochain briefing prévu en août. Cette initiative vise à raviver le processus politique en vue de la tenue tant attendue d’élections nationales.

Ayant conduit ces dernières semaines une série de consultations étendues, Tetteh a affirmé que l’organisation d’élections reste l’unique voie pour sortir de l’impasse et du blocage politique. Elle a souligné que l’absence d’un consensus entre les institutions existantes et le chevauchement des compétences ont généré une situation fragile susceptible de dégénérer davantage.

Tout en reconnaissant la complexité de la scène intérieure, notamment face à ce qu’elle a qualifié d’« obstructions délibérées » de la part d’acteurs tirant profit du statu quo, Tetteh a laissé entendre la possibilité de mesures plus sévères, telles que l’imposition de sanctions ciblées ou l’adoption de mécanismes visant à tenir pour responsables ceux qui compromettent le processus politique.

L’une des principales caractéristiques de l’approche onusienne récente repose sur une consultation à grande échelle, ayant permis de recueillir les avis de plus de 12 500 Libyens à travers des rencontres directes et des sessions virtuelles impliquant des représentants de la jeunesse, des femmes, des syndicats et du monde universitaire.

Selon Titteh, ces consultations ont révélé une profonde frustration et une perte de confiance envers les institutions actuelles, tant exécutives que législatives, ainsi qu’un appel pressant à tourner définitivement la page des phases transitoires en accédant à la légitimité par les urnes.

Elle a déclaré que la mission s’efforce de formuler une vision inclusive, fondée sur ces retours, qui prenne en compte les disparités géographiques et politiques, tout en obtenant le plus large soutien possible au sein de la population libyenne.

La tenue d’élections crédibles nécessite, selon elle, bien plus qu’un simple accord politique : elle requiert un environnement sécuritaire stable, une mise à jour du cadre législatif, ainsi qu’un renforcement des capacités de la Haute Commission électorale nationale. Elle a également indiqué que la mission coopère avec les autorités locales pour lever les obstacles à la tenue d’élections municipales dans les régions où elles ont été reportées, en tant qu’étape préparatoire aux échéances nationales.

Parallèlement à ces efforts, la Libye connaît une nouvelle escalade politique, notamment entre la Chambre des représentants et le Conseil présidentiel. Le différend autour de la légitimité des décrets promulgués par ce dernier refait surface.

Dans une déclaration marquante, le président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh, a qualifié ces décrets d’« illégaux », arguant que seule l’autorité législative élue détient le pouvoir de légiférer. Le Conseil présidentiel avait notamment suspendu la loi sur la Cour constitutionnelle, ainsi que des textes relatifs au référendum et à la réconciliation, provoquant ainsi la colère du Parlement, qui y voit une tentative d’empiétement sur ses prérogatives.

Ces dissensions comptent parmi les principaux obstacles à tout compromis national qui permettrait de déboucher sur des élections.

Sur le terrain, la capitale Tripoli est le théâtre de déploiements militaires et de mouvements de groupes armés, alimentant les craintes d’un nouveau cycle de combats, dans un contexte de sécurité précaire et d’absence d’autorité centrale unifiée.

Malgré les efforts de la mission onusienne pour désamorcer les tensions à travers des contacts avec les acteurs locaux, le manque de confiance et les allégeances conflictuelles entre factions armées maintiennent un climat instable qui complique davantage la mission des Nations Unies.

Dans ce cadre, Tetteh poursuit ses activités diplomatiques. Elle a récemment rencontré l’ambassadeur d’Allemagne en Libye, Ralf Tarraf, pour discuter des derniers développements politiques et sécuritaires, et des préparatifs d’une retraite diplomatique prévue d’ici fin juillet, rassemblant les co-présidents du processus international.

Les deux parties ont réaffirmé l’importance de préserver la stabilité de la capitale et de mettre en œuvre les résultats de la réunion du comité de suivi de Berlin, en vue de favoriser une solution politique libyenne conduite sous supervision onusienne.

Dans un contexte de volatilité accrue, la scène libyenne demeure incertaine, dans l’attente des résultats que pourra produire l’initiative de Tetteh, et de sa capacité réelle à rompre le cycle de blocage qui perdure depuis des années, afin d’ouvrir enfin la voie à un État fondé sur le droit et les institutions.

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