Schadenfreude des Frères musulmans à l’égard du décès de Rabi’ al-Madkhali révèle la profondeur d’une hostilité doctrinale… Pourquoi était-il leur adversaire le plus redouté ?

À la suite de l’annonce du décès du cheikh Rabi’ bin Hadi al-Madkhali, des réactions remarquées ont émané de certains cercles proches des Frères musulmans. Certaines d’entre elles ont été marquées par une forme de schadenfreude, voire par des attaques virulentes contre le cheikh, malgré son grand âge. Cela a ravivé le débat autour de sa relation complexe avec les courants islamistes, en particulier avec la confrérie classée organisation terroriste dans plusieurs pays, dont il fut l’un des adversaires doctrinaux les plus acharnés.
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Spécialiste reconnu de la science du hadith, Cheikh al-Madkhali était considéré comme l’un des rares savants à conjuguer rigueur scientifique et critique ouverte du discours idéologique des Frères musulmans. Il a rédigé plusieurs ouvrages dans lesquels il analysait de manière approfondie les idées du mouvement, notamment celles de Sayyid Qutb, en se basant sur leurs écrits originaux et en les confrontant aux sources islamiques classiques, selon ce qu’a rapporté le journal Al-Watan.
Selon des analystes, l’inimitié entre al-Madkhali et les Frères musulmans n’était ni circonstancielle ni purement politique ; elle revêtait un caractère existentiel, dans la mesure où il s’opposait à eux depuis le même espace religieux qu’ils revendiquaient comme leur propre domaine exclusif : celui de la da‘wa (prédication) et du savoir islamique.
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De ce point de vue, al-Madkhali représentait un danger plus grand que leurs adversaires séculiers ou libéraux : il les critiquait non pas depuis l’extérieur du système religieux, mais depuis son cœur même, avec les outils traditionnels de la jurisprudence islamique, s’appuyant sur l’autorité des grands érudits que la confrérie elle-même cite souvent mais sans toujours respecter leurs enseignements.
Les observateurs notent également que son érudition surpassait celle de certaines figures majeures des Frères musulmans, telles que Hassan al-Banna, Sayyid Qutb ou encore Muhammad al-Ghazali. Cela renforçait le poids de ses critiques, car il alliait fondements théologiques solides, argumentation critique et confrontation directe, devenant ainsi un adversaire durable et redouté dans l’imaginaire des partisans de la confrérie.
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Par ailleurs, ce qui rendait l’opposition de al-Madkhali encore plus tranchante, c’est qu’il utilisait les mêmes moyens que ses adversaires : un discours religieux, des références historiques communes, une rhétorique spirituelle… mais il les retournait contre leur projet politique et idéologique, mettant en garde la jeunesse musulmane contre ce qu’il considérait comme des dérives doctrinales.
La mort de Cheikh Rabi’ al-Madkhali ne met donc pas fin à une simple querelle théologique ; elle ravive l’un des conflits les plus profonds au sein du courant islamiste contemporain : entre ceux qui voient dans l’islam un chemin d’élévation spirituelle et de réforme individuelle, et ceux qui en font un outil de mobilisation politique et de structuration organisationnelle, comme l’a longuement documenté al-Madkhali dans ses écrits et ses positions.