Politique

Patriot pour l’Ukraine et sanctions contre la Russie : coup décisif américain ou simple test sur plusieurs fronts ?


Avec la fourniture de systèmes Patriot et l’arme des sanctions, le président américain Donald Trump intervient à nouveau dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, un tournant qui soulève de nombreuses questions.

Il y a deux jours, Trump a annoncé que les États-Unis enverraient des systèmes de défense aérienne Patriot à l’Ukraine pour l’aider à repousser les attaques russes.
Hier lundi, Trump a donné à la Russie un ultimatum de 50 jours pour mettre fin à la guerre en Ukraine, menaçant en cas de refus de sanctions sévères, tout en dévoilant un plan d’envoi massif d’armes américaines à Kiev via l’OTAN.

Portée de la décision de Trump
Cette décision pourrait « donner l’élan fort dont Kiev a cruellement besoin dans sa guerre contre la Russie ». Le quotidien interroge cependant sur les délais de livraison des armes et les quantités impliquées.

Après des mois de discussions avec son homologue russe Vladimir Poutine dans l’espoir d’un accord de paix, Trump s’est dit déçu lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche aux côtés du secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, déclarant : « Nous pensions avoir presque conclu quatre accords, mais à chaque fois, le président russe poursuivait les bombardements en Ukraine ».

Des analystes estiment que les renforts promis pour la défense ukrainienne dépendront de la capacité à introduire en urgence suffisamment de missiles Patriot, et sur le long terme, d’augmenter la production de munitions intercepteurs occidentaux pour contrer drones et missiles russes.

À ce titre, Celeste Wallander, ancienne responsable du Pentagone sous Joe Biden, a déclaré au WSJ : « La tactique russe consiste à pousser les Ukrainiens à épuiser leurs stocks actuels de défense aérienne pour les rendre vulnérables à une attaque à la fin de l’été ou à l’automne ». Elle ajoute : « Si cela doit influencer les calculs de Poutine, des livraisons massives devront être effectuées durant l’été ».

Le journal note que la décision de Trump représente une « rupture majeure », car c’est « la première fois que la Maison-Blanche accepte la livraison à l’Ukraine d’armes plus avancées que celles envoyées par Joe Biden ».

Un test pour la volonté des chefs
Outre la menace de sanctions secondaires si Poutine poursuit ses attaques, cette initiative est un test important de la détermination entre les deux dirigeants, selon WSJ. C’est un changement radical pour Trump, qui avait précédemment décrit Poutine comme « un homme noble » et espérait s’entendre avec lui sur l’Ukraine et d’autres enjeux.

Stoltenberg a confirmé que les livraisons à Kiev ne se limiteront pas aux systèmes de défense Patriot, mais incluront aussi des missiles et munitions destinés à frapper les forces russes.

Selon deux sources, le paquet d’armes pourrait atteindre environ 10 milliards de dollars.

Même si le commerce entre la Russie et les États-Unis est limité, la Maison-Blanche pourrait choisir de sanctionner d’autres pays importateurs de pétrole russe, impactant ainsi des économies déjà fragiles.

Mais la capacité des États-Unis et de leurs alliés à fournir une défense aérienne efficace à l’Ukraine reste limitée, non seulement par le coût élevé des systèmes Patriot, mais aussi par la faible capacité de production occidentale.

« Ces 50 jours, c’est beaucoup trop »
Certains experts estiment que le délai de 50 jours accordé à Poutine est trop long, alors que l’Ukraine subit chaque nuit des attaques d’environ 700 drones, selon Christine Pezena du Marshall Center, citée par le WSJ.

Elle explique que si l’Europe envoie ses Patriots existants et que les États-Unis compensent, cela pourrait être déterminant. Mais si des pays comme l’Allemagne attendent de recevoir leurs nouveaux systèmes avant d’envoyer davantage, l’aide arrivera trop tard.

Sur X, le chancelier allemand Friedrich Merz a affirmé avoir assuré Trump que l’Allemagne « jouera un rôle décisif » et qu’elle précisera « rapidement » sa contribution.

L’an dernier, Lockheed Martin a produit 500 missiles intercepteurs PAC‑3 pour les Patriots, avec une augmentation prévue à 650 d’ici 2027. En Europe, la production de systèmes similaires SAMP/T franco‑italiens reste marginale.

Pour accélérer les livraisons, l’Allemagne et d’autres pays européens pourraient puiser dans leurs stocks actuels, remplaçant ensuite ces missiles par ceux achetés aux États-Unis.

Trump a suggéré que cela ferait partie de son plan : l’Allemagne livrerait des missiles « dès que possible », avant d’être réapprovisionnée.

Autres options
Une alternative consiste à acheter directement des système Patriot et leurs missiles depuis les lignes de production, mais cela pourrait prendre des années. Trump pourrait accélérer les délais en priorisant l’Ukraine, bien que cela retarde d’autres alliés.

Il n’a pas précisé lundi s’il interviendrait dans la chaîne de production des intercepteurs. Joe Biden a déjà accéléré les livraisons de missiles Patriot à l’Ukraine durant son mandat.

La supervision des envois serait confiée au général Christopher G. Cavoli, commandant suprême des forces alliées en Europe et du Commandement européen américain.

Les Patriot ne sont pas le seul système américain utilisable : les missiles air-air AIM utilisés par les F‑16 pourraient abattre drones et missiles de croisière.

Le Pentagone avait suspendu l’envoi de 90 missiles AIM, avant que Trump n’autorise à nouveau leur livraison, ainsi que 30 missiles PAC‑3.

Abattre un missile russe nécessite souvent plusieurs missiles intercepteurs. La Russie bombarde quotidiennement l’Ukraine avec des missiles balistiques Iskander‑M ou Kinzhal, des missiles de croisière et des centaines de drones.

 

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