Le temps presse : Washington s’impatiente face à l’inaction sur le désarmement du Hezbollah

Tom Barrack, ambassadeur des États-Unis en Turquie et envoyé spécial pour la Syrie, a déclenché une vive controverse sur la scène politique libanaise à la suite de ses déclarations lors d’une conférence de presse à New York. Il y a affirmé que le retard du gouvernement libanais à traiter la question du désarmement du Hezbollah était motivé par la crainte d’une guerre civile, tout en insistant sur le fait que la patience de l’administration Trump touche à sa fin.
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Barrack a souligné que le Liban évolue dans une « fenêtre temporelle limitée », soulignant ainsi l’impatience croissante de Washington. « Le président Trump aime le Liban, peut-être plus que n’importe quel président depuis Dwight Eisenhower », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Mais cette patience n’est pas infinie. Les Libanais doivent agir. Ils doivent saisir cette opportunité. Le dialogue existe, c’est pourquoi je reste optimiste, malgré une certaine frustration. »
Si ses propos se voulaient teintés de prudence, ils portaient un message de pression implicite à l’adresse de la classe politique libanaise : la nécessité de prendre des mesures concrètes pour réduire l’influence militaire du Hezbollah. En filigrane, c’est la crainte américaine de voir le statu quo se prolonger qui transparaît, et le risque que cette inaction enchevêtre encore davantage la crise libanaise.
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Barrack a reconnu la complexité du dossier, notant que toute tentative de désarmement du parti devait se faire sans provoquer de guerre civile. Il a affirmé qu’un consensus gouvernemental pourrait permettre au Hezbollah d’abandonner progressivement ses armes lourdes, spécifiant qu’il s’agissait d’armements pouvant menacer Israël. « Tout le monde est armé au Liban, mais ce n’est pas la même chose lorsqu’on parle d’arsenaux avancés enfouis sous les maisons », a-t-il précisé.
Il a également appelé à renforcer l’armée libanaise, perçue comme un acteur respecté au sein de la société, pour lui permettre de jouer le rôle d’intermédiaire dans le dialogue avec le Hezbollah. Toutefois, il a alerté sur la précarité du financement de l’armée, dont les soldats n’ont pas été payés depuis un certain temps, freinant tout processus constructif.
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Même si ses propos laissent entrevoir une volonté américaine de favoriser une solution interne pacifique, l’évocation d’une limite temporelle suggère que des scénarios alternatifs, potentiellement plus coercitifs, pourraient être envisagés si les efforts politiques échouent.
En toile de fond, les mutations régionales pèsent lourd : Barrack a évoqué une possible normalisation entre la Syrie et Israël, affirmant que cela devrait se traduire à terme par une normalisation entre le Liban et Israël. Il a cité des propos attribués au président syrien Ahmad Al-Sharaa selon lesquels « Israël n’est pas un ennemi », signalant une reconfiguration stratégique potentielle.
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Dans la même optique, Barrack a souligné que les initiatives audacieuses de Trump, comme son soutien aux frappes contre l’Iran, représentent une fenêtre stratégique à court terme, notant que l’Iran, le Hezbollah, le Hamas et les Houthis traversent actuellement une période de recul temporaire, que d’autres pays devraient exploiter pour redéfinir leur position régionale.
Il a plaidé pour des décisions courageuses, affirmant que « des étapes progressives sont nécessaires, et qu’elles sont déjà en cours. Je pense que chacun agit de manière responsable pour avancer dans cette direction. »
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En définitive, les propos de Barrack illustrent l’ampleur de la pression américaine sur les dirigeants libanais, conjuguée aux défis internes qui rendent tout compromis sur les armes du Hezbollah hautement périlleux. Et si Washington continue à privilégier l’approche diplomatique, l’épuisement de sa patience pourrait rapidement ouvrir la voie à des options moins consensuelles.
Car malgré l’optimisme affiché par Barrack, le Liban reste enlisé dans un immobilisme politique et sécuritaire profond, soulevant des doutes sérieux sur sa capacité à prendre des décisions souveraines, dans un contexte de pressions étrangères croissantes et de menaces internes persistantes.