Politique

À la manière de Trump… Comment l’extrême droite prévoit-elle de gouverner l’Allemagne ?


Le parti d’extrême droite allemand, Alternative pour l’Allemagne (AfD), a une stratégie claire pour accéder au pouvoir : utiliser l’extrême gauche pour approfondir les divisions partisanes.
Une tactique inspirée, selon le magazine américain Politico, du modèle électoral efficace de Donald Trump aux États-Unis.

Dans un document interne, le parti affirme que « notre objectif est de créer une situation dans laquelle la ligne de fracture politique ne sépare plus l’AfD des autres partis, mais oppose un camp bourgeois conservateur à un camp d’extrême gauche — comme c’est le cas aux États-Unis ».
Le but est de provoquer une « confrontation entre deux blocs irréconciliables ».

L’AfD est aujourd’hui le plus grand parti d’opposition au Parlement allemand, après avoir obtenu une percée historique en se classant deuxième lors des élections législatives de février.

Le « mur de protection »

Mais malgré sa popularité croissante, le parti reste éloigné du pouvoir en raison du refus catégorique des autres forces parlementaires, y compris les conservateurs dirigés par le chancelier Friedrich Merz, de gouverner avec lui. Cette exclusion repose sur le principe du « cordon sanitaire » instauré après la Seconde Guerre mondiale pour isoler l’extrême droite.

L’objectif immédiat de l’AfD est de faire tomber ce mur de protection, en se débarrassant de son image de parti infréquentable et en convainquant les conservateurs, ainsi que l’électorat de droite modérée, qu’il ne faut plus empêcher ses membres d’accéder aux sphères du pouvoir.

Pour ce faire, l’AfD a chargé la députée Beatrix von Storch d’élaborer une stratégie pour briser cette barrière et ouvrir la voie à une coalition avec les conservateurs allemands.

Sans surprise, cette stratégie s’inspire des États-Unis. Des responsables de l’AfD ont salué un discours du vice-président américain J.D. Vance à Munich, dans lequel il qualifiait le cordon sanitaire de « contraire aux principes démocratiques ».

Von Storch entretient des liens étroits avec des alliés de l’administration Trump. Elle et son mari ont assisté à la cérémonie d’investiture de Donald Trump, et elle a rencontré Steve Bannon, figure centrale du mouvement MAGA.

Le parallèle avec la stratégie de Trump est manifeste. Comme l’ancien président américain, l’AfD cherche à présenter les partis de centre-gauche comme des « gauchistes radicaux », en exploitant la montée en puissance du parti d’extrême gauche en Allemagne pour affaiblir le centre-gauche et le pousser vers des positions plus extrêmes.

Ce scénario rendrait les coalitions centristes plus difficiles à former, contraignant les conservateurs à considérer l’AfD comme un partenaire politique inévitable, et rompant ainsi le cordon sanitaire.

Séduire de nouveaux électeurs

Même si ce cordon tient encore, bien que fragilisé, l’AfD entend rendre son maintien de plus en plus coûteux politiquement pour Friedrich Merz et les autres leaders conservateurs.

D’après le document stratégique, l’AfD lancera des propositions populaires auprès de l’électorat de droite modérée, en particulier ceux qui se sentent trahis par l’alliance de Merz avec le Parti social-démocrate.

L’objectif n’est pas forcément de convaincre tous ces électeurs, mais de rendre l’exclusion de l’AfD impopulaire dans leurs rangs, forçant ainsi les chefs conservateurs à reconsidérer leur opposition à une coalition.

Parallèlement, le parti prévoit d’élargir sa base électorale là où il reste faible : chez les femmes, les électeurs âgés et les habitants des zones urbaines.

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