Al-Michri et Aguila Saleh discutent de la formation d’un nouveau gouvernement, en défi à Dbeibah

Dans un contexte de tensions croissantes, le président de la Chambre des représentants libyenne, Aguila Saleh, a rencontré Khaled al-Michri, toujours considéré comme un acteur influent au sein du Haut Conseil d’État malgré les contestations autour de sa légitimité face à Mohamed Takala. Lors d’une réunion non annoncée lundi, les deux hommes ont discuté des démarches concrètes pour former un nouveau gouvernement unifié, à un moment où les pressions politiques et populaires s’intensifient contre le Premier ministre du Gouvernement d’unité nationale, Abdelhamid Dbeibah.
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Selon un communiqué publié par le centre médiatique du Parlement, la réunion a porté sur « les développements politiques récents et les étapes nécessaires pour établir une feuille de route claire menant à la formation d’un gouvernement unifié, en préparation à des élections présidentielles et législatives simultanées ». Le lieu de la rencontre n’a pas été révélé, mais son caractère confidentiel soulève des interrogations quant à l’avenir de l’équilibre politique en Libye.
Dbeibah, nommé à l’issue du Forum de dialogue politique libyen à Genève en 2021, rejette depuis des mois toute proposition visant à transférer le pouvoir à un gouvernement intérimaire non élu. Il maintient que son mandat ne prendra fin qu’à l’issue d’élections légitimes — processus jusqu’ici bloqué par des désaccords constitutionnels et politiques.
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Cependant, les démarches d’Aguila Saleh et d’al-Mishri semblent viser à créer un nouveau fait accompli, d’autant plus que la popularité de Dbeibah s’effrite sur fond de crise économique, de manifestations répétées et d’accusations de corruption et de mauvaise gestion. Ce contexte alimente les appels à son départ.
Cette initiative se heurte néanmoins à l’opposition de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), qui insiste sur la nécessité d’un consensus global pour tout changement de gouvernement. Mais cela n’empêche pas Saleh et ses alliés de l’Est libyen de poursuivre leurs efforts pour établir une alternative, malgré le risque de renforcer la division institutionnelle.
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Le retour d’al-Mishri sur la scène politique suscite également des interrogations, étant donné le conflit non résolu avec Takala sur la direction du Haut Conseil d’État. Ce différend interne, non tranché depuis plus d’un an, affaiblit la légitimité de toute médiation menée par al-Mishri au nom du Conseil.
Dans des déclarations antérieures, Dbeibah avait évoqué la possibilité d’utiliser la force militaire pour « protéger la légitimité à Tripoli », alimentant les craintes d’un nouvel affrontement armé si une tentative unilatérale de formation d’un nouveau gouvernement devait émerger. Bien que Dbeibah bénéficie du soutien de puissantes milices à Tripoli, certaines d’entre elles commencent à exprimer leur mécontentement.
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L’impasse électorale actuelle a ouvert la voie à des initiatives individuelles susceptibles d’entraîner de nouvelles divisions, voire des confrontations violentes pour le contrôle du pouvoir. Et bien que Saleh et al-Michri parlent d’un « gouvernement unifié », des analystes estiment que toute formation excluant le consensus onusien et l’ensemble des parties prenantes risquerait de faire replonger le pays dans le scénario de division institutionnelle qui a prévalu de 2014 à 2020.
La Libye reste ainsi suspendue entre deux trajectoires : l’une menant à une recomposition institutionnelle via un accord global débouchant sur des élections, l’autre risquant d’enfermer le pays dans une nouvelle spirale de conflits et de luttes de légitimité.
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