Grand Maghreb

À la veille du verdict… Des documents révèlent un complot des Frères musulmans tunisiens pour assassiner Kaïs Saïed


À la veille du prononcé du jugement dans l’affaire du complot des Frères musulmans contre l’État tunisien, des sources sécuritaires ont révélé des documents mettant en lumière un plan visant à semer le chaos dans le pays.

Parmi ces documents figure une note manuscrite de Rached Ghannouchi, chef du mouvement Ennahdha affilié aux Frères musulmans, dans laquelle il écrit : « Cette situation (le recul de l’influence du mouvement) perdurera tant que le président sera vivant. »

Des analystes estiment que ces révélations confirment que le mouvement islamiste est arrivé à la conviction qu’un retour au pouvoir est impossible tant que Kaïs Saïed reste à la tête de l’État.

Le président tunisien avait auparavant répondu aux pressions populaires en relançant plusieurs affaires judiciaires restées longtemps en suspens, impliquant Ennahdha dans des affaires de corruption, de terrorisme, d’envoi de jeunes vers les zones de conflit au Moyen-Orient, ainsi que dans des assassinats politiques.

Les documents dévoilés révèlent aussi des tentatives du mouvement d’obtenir le soutien d’organismes étrangers pour faire tomber le président, y compris le recours à des services de renseignement et des rencontres diplomatiques avec des ambassadeurs pour œuvrer à son isolement.

Ils mentionnent également un plan pour :

  • former un gouvernement parallèle (« gouvernement de l’ombre »),
  • mobiliser les jeunes chômeurs, les femmes et les personnes âgées des quartiers populaires,
  • constituer une organisation secrète,
  • et allouer des moyens logistiques et financiers à ces actions.

Le plan comprend également l’utilisation d’un discours religieux pour légitimer l’insurrection, l’appel aux armes contre l’État, et le recours à des salafistes extrémistes pour tenter de le faire tomber.

Le militant et analyste politique tunisien Omar El Iferni a affirmé que la fuite de ces documents, à la veille du verdict, visait à court-circuiter le discours attendu d’Ennahdha, qui contesterait le sérieux du dossier judiciaire.

Des experts s’attendent à ce que les autorités prononcent la dissolution du mouvement Ennahdha et son interdiction, si le jugement conclut à la culpabilité.

El Iferni a estimé que « la dissolution du parti Ennahdha est devenue une nécessité pour la sécurité nationale » et que la justice doit appliquer les peines les plus sévères, en particulier contre Rached Ghannouchi.

Ce dernier est également poursuivi dans d’autres affaires liées au terrorisme, ainsi que dans des dossiers de corruption déjà jugés.

De son côté, Riadh Jrad, militant politique proche du président Kaïs Saïed, a déclaré que « ces documents prouvent de manière irréfutable que les accusations du président concernant la trahison de ces individus sont aujourd’hui des vérités judiciaires établies, et non de simples allégations comme certains voudraient le faire croire. »

Il a précisé que ces documents ont été saisis au domicile de Ghannouchi lors de son arrestation, ainsi qu’au siège central de son mouvement.

Le verdict, initialement attendu mardi dernier, a été reporté à mardi prochain.

Contexte de l’affaire

Le 6 mai dernier, s’est ouvert le procès de plus de 20 personnes accusées de « complot contre la sûreté de l’État », dont Rached Ghannouchi et plusieurs cadres d’Ennahdha, bras politique des Frères musulmans en Tunisie.

En juin 2023, le pôle judiciaire antiterroriste a lancé une deuxième enquête dans une affaire similaire.

Ce réseau criminel comprendrait également l’ex-Premier ministre Youssef Chahed, l’ex-directeur de la sûreté nationale Kamel El Ghaïzani, et l’ex-chef du renseignement tunisien, en plus de Ghannouchi et de son fils Moaz.

Les autorités tunisiennes ont par ailleurs affirmé avoir démantelé un plan de coup d’État impliquant une infiltration du palais présidentiel, avec l’aide de Nadia Akacha, ancienne cheffe de cabinet de Kaïs Saïed.

Le ministère de l’Intérieur avait alors évoqué des menaces sérieuses contre la vie du président, repérées par plusieurs services de sécurité, impliquant des acteurs internes et étrangers cherchant à déstabiliser le pays.

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