Politique

Politique de démolition et vaste déplacement… que se passe-t-il à Tulkarem ?


Les Palestiniens de Cisjordanie, notamment ceux vivant dans les camps de réfugiés, traversent une période particulièrement difficile. Israël applique une stratégie de « démolition systématique ».

À Tulkarem, dans les camps de réfugiés de Tulkarem et Nour Shams, des familles s’empressent d’évacuer leurs meubles après avoir reçu des menaces de démolition par l’armée israélienne.

Si les autorités justifient ces démolitions par des raisons de sécurité, la réalité veut que ces camps soient progressivement vidés depuis le début de l’année. De nombreux analystes y voient une opération ciblée contre les camps du nord de la Cisjordanie, y compris ceux de Jénine et de Qalqilya.

Les destructions en cours dans ces camps rappellent celles en cours dans la bande de Gaza.

Données de l’ONU

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU rapporte que plus de 100 habitations ont déjà été détruites à Tulkarem et Nour Shams. Entre le 6 et le 18 juin, environ 85 bâtiments ont été rasés à Tulkarem, tandis qu’à Nour Shams, les destructions ont débuté dès le 5 mai. Entre le 20 et le 22 juin, au moins 22 immeubles, représentant 56 logements, ont été démolis.

Tous les camps restent fermés aux résidents et aux organisations humanitaires, les forces israéliennes ouvrant le feu sur ceux qui tentent d’y revenir. Par ailleurs, l’armée réquisitionne des bâtiments palestiniens pour y établir des postes militaires ou des centres d’interrogation temporaires.

Fouilles, saisies et expulsions

Entre le 13 et le 23 juin, l’ONU a documenté au moins 32 cas d’occupation de 243 habitations par les soldats israéliens — parfois totalement, parfois partiellement, ou encore l’occupation de toits d’école — pour plusieurs heures à plusieurs jours. À Tulkarem, 30 maisons ont été occupées, entraînant le déplacement de 193 personnes ; à Jénine, 148 maisons ont été occupées, déplaçant 785 personnes.

Le gouverneur de Tulkarem, Abdullah Kamal, a indiqué que l’armée avait notifié l’intention de démolir 104 nouvelles maisons dans le camp de Tulkarem, en donnant aux propriétaires 72 heures pour s’y opposer ou évacuer. Il a lancé un appel à la « communauté internationale, aux ONG et aux institutions de défense des droits de l’homme » pour s’opposer à ce plan.

Déplacements massifs et violences quotidiennes

Depuis le début de l’année, plus de 40 000 Palestiniens ont été forcés de quitter leurs foyers dans les camps de Jénine et Tulkarem, selon les Nations Unies. Beaucoup se sont réfugiés dans les villes voisines, dans l’attente d’un retour.

L’ONG israélienne Association pour les droits civiques (ACRI) dénonce les opérations militaires quotidiennes au cœur de zones densément peuplées, incluant des destructions d’infrastructures essentielles, des coupures d’eau et d’électricité, des odeurs nauséabondes, et des restrictions sévères de mouvement. Des quartiers entiers sont parfois bouclés sans ordre officiel d’évacuation.

Selon l’ACRI, ces actions constituent des violations graves du droit international humanitaire, qui interdit l’expulsion forcée de civils en territoire occupé, sauf cas exceptionnels et provisoires. Il s’agit selon elle d’un châtiment collectif injustifié et d’une violation grave des droits humains.

L’avocate Hila Sharon (ACRI) dénonce la transformation des camps en zones militaires fermées, soumises à une destruction systématique et au non-respect de droits fondamentaux comme l’accès à l’eau, l’électricité, au logement ou à la liberté de circulation.

Mise en garde de la présidence palestinienne

Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abu Rudeina, a averti que ces démolitions massives menaçaient les efforts en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza et d’un arrêt des opérations en Cisjordanie. Il a dénoncé la destruction de milliers de maisons, les déplacements forcés, la terreur exercée sur les civils et les massacres et la famine qui se poursuivent à Gaza.

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