Moyen-Orient

Conflits d’intérêts contre coopération… Pourquoi les Houthis ont-ils tué un haut responsable des Frères musulmans ?


Dans un événement révélateur des contradictions sous-jacentes de la relation non officielle entre le parti Al-Islah (branche politique des Frères musulmans au Yémen) et les Houthis, le cheikh Saleh Hantous, figure éminente du parti, a été tué hier lors d’affrontements armés, après que des combattants d’Ansar Allah ont attaqué son domicile dans le gouvernorat de Raymah, à l’ouest du Yémen.

L’attaque, qui a entraîné la mort du chef septuagénaire et blessé son épouse, survient malgré ce que certains observateurs décrivent comme des « lignes de communication invisibles » entre les deux parties. Ces relations se seraient traduites ces dernières années par des périodes d’accalmie sur le terrain et des échanges d’intérêts implicites, notamment dans les régions du nord sous contrôle houthi, selon le site Al-Araby 21.

Des sources locales ont confirmé que le dirigeant d’Al-Islah avait résisté à une tentative d’arrestation soudaine par les Houthis, ce qui a provoqué des affrontements armés, au cours desquels son domicile a été bombardé à la roquette (RPG), causant sa mort sur-le-champ. La scène a été qualifiée de « choquante » par les habitants, compte tenu de la stature religieuse et sociale du cheikh.

Malgré cette confrontation violente, plusieurs analystes soulignent que les relations entre les Houthis et Al-Islah, bien que marquées par une hostilité déclarée, ont connu à certains moments des ententes implicites, notamment sur la neutralisation de certains fronts ou le partage de l’influence administrative dans des zones déterminées.

Certains observateurs estiment que cet incident pourrait s’inscrire dans le cadre d’un conflit interne sur le contrôle local ou d’un règlement de comptes entre factions rivales d’Al-Islah, dans un contexte de désaccords internes sur les rapports avec les Houthis, souvent accusés d’entretenir des liens secrets ou une coordination informelle.

Dans ce contexte, le ministre yéménite de l’Information, de la Culture et du Tourisme, Moammar al-Eryani, a condamné ce qu’il a qualifié de « crime barbare » perpétré par les Houthis contre le cheikh Hantous.

Dans une déclaration rapportée par l’agence officielle Saba, al-Eryani a affirmé que ce meurtre s’inscrivait dans la continuité de la politique de répression menée par la milice contre les civils et les voix religieuses modérées, visant à intimider la société et à faire taire toute opposition à son idéologie sectaire extrême.

Il a appelé la communauté internationale et les organisations de défense des droits humains à condamner ce crime odieux et à adopter une position ferme face aux violations systématiques perpétrées par les Houthis dans les zones qu’ils contrôlent.

Pour sa part, le vice-président du département médiatique du parti Al-Islah, Adnan al-Odeini, a déclaré que « le cheikh n’était pas un homme politique, mais incarnait l’esprit républicain et s’opposait à la pensée sectaire par le savoir ». Il a ajouté que son assassinat reflétait la volonté des Houthis d’humilier l’homme libre et de soumettre la société à une pensée unique.

Il est à noter que le parti Al-Islah, branche politique des Frères musulmans au Yémen, adopte des positions ambivalentes à l’égard des Houthis, oscillant entre confrontation et alliances circonstancielles, rendant chaque escalade sur le terrain difficile à interpréter quant à ses véritables motivations et objectifs.

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