Politique

Confusion au sein des factions palestiniennes au Liban : le désarmement des camps retardé


Le camp de Aïn el-Héloué à Saïda reste le plus complexe, en raison de la multiplicité des factions, de la présence de groupes islamistes radicaux et d’éléments incontrôlés.

Des médias libanais ont rapporté ce lundi que le plan de désarmement des camps palestiniens n’a pas été mis en œuvre comme prévu à la date convenue. Plusieurs facteurs internes ont contribué à ce report, notamment l’attente du retour à Beyrouth de Azzam al-Ahmad, secrétaire du comité exécutif de l’OLP et responsable du dossier libanais, afin de poursuivre les concertations sur les modalités d’application de la décision. Les factions palestiniennes ont également besoin de plus de temps pour mener des discussions internes afin d’élaborer une position unifiée et consensuelle.

L’ensemble des forces politiques au Liban, y compris le Fatah et les factions de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), sont plongées dans une confusion sans précédent sur la manière d’aborder l’échéance du 16 juin 2025, date fixée pour la remise des armes, conformément à l’accord libano-palestinien conclu lors de la visite du président Mahmoud Abbas au Liban le 21 mai 2025. Cet accord s’inscrit dans le cadre du plan de l’État libanais visant à étendre son autorité sur l’ensemble du territoire, y compris les camps, et à monopoliser la détention d’armes.

Des rapports locaux indiquent que des factions majeures telles que le Hamas, le Jihad islamique, le Front populaire – commandement général et As-Saïqa ont tenu une série de réunions qui ont abouti à un projet de vision palestinienne unifiée sur la question des réfugiés au Liban. Ce projet sera présenté à l’ensemble des factions en vue d’un consensus.

Cependant, selon les sources, ce document n’aborde pas directement la question du désarmement, mais évoque plutôt la nécessité de « réglementer et contrôler » les armes par l’intermédiaire d’une force de sécurité conjointe, sous supervision de la Commission de l’action palestinienne conjointe, en coordination avec l’armée libanaise et ses services de renseignement.

Le texte n’établit pas non plus clairement l’OLP comme unique interlocuteur pour les négociations, même si les responsables de l’alliance des forces palestiniennes reconnaissent implicitement son rôle, tout en appelant à une réforme de ses institutions et à l’inclusion de toutes les factions sous sa bannière.

Le site libanais An-Nashra a rapporté que le désordre autour de la mise en œuvre de la décision de désarmement repose sur deux éléments principaux :

  1. L’absence de coordination entre les factions de l’OLP, en raison de l’inactivité de la Commission de l’action conjointe — cadre de concertation habituel sur les questions politiques, sécuritaires et sociales des camps — qui n’a tenu aucune réunion préparatoire à cette échéance décisive ; 
  2. L’absence d’une feuille de route claire pour la remise des armes, bien qu’un calendrier ait été fixé, avec un processus graduel, démarrant par les camps de Beyrouth (du fait de leur proximité de l’aéroport), suivi de celui d’al-Jalil dans la Békaa, puis Beddawi au Nord, les camps de Bourj al-Shamali, al-Rashidiyeh et al-Bass à Tyr, pour finir par les camps de Mieh Mieh et Aïn el-Héloué à Saïda, le plus difficile à gérer. 

Le camp de Aïn el-Héloué est considéré comme le plus sensible, en raison de la présence de nombreuses factions, de groupes islamistes extrémistes et d’éléments armés échappant à tout contrôle. Néanmoins, selon le général Sami Abou Afsh, conseiller aux affaires nationales à l’ambassade de Palestine, des accords et discussions sont en cours pour remettre les armes à l’armée libanaise.

L’opinion au sein des camps reste partagée : certains estiment que les armes représentent un danger quotidien, tandis que d’autres redoutent une perte de protection en l’absence de garanties sécuritaires claires de la part de l’État libanais. Des voix appellent à un consensus palestinien global avec l’État libanais, afin d’éviter un effondrement sécuritaire.

Selon plusieurs sources palestiniennes, les factions coopèrent avec les autorités libanaises dans l’application de la décision, dans le cadre d’un accord respectant les droits civils et sociaux des réfugiés, et garantissant l’absence de recours à la force ou de violations dans les camps, mais dans le respect de certaines conditions.

Il convient de rappeler que la question des armes palestiniennes au Liban remonte à l’accord du Caire de 1969, qui autorisait la détention d’armes dans les camps dans le cadre des activités de l’OLP, un accord officiellement annulé en 1987.

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