Le réacteur de Bouchehr… La crainte nucléaire dissuade les frappes israéliennes

Alors qu’Israël a mené des frappes sur des sites nucléaires iraniens, la communauté internationale a été saisie d’inquiétudes quant aux conséquences potentielles de ces attaques, ravivant les souvenirs de Tchernobyl et Fukushima.
Selon Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), des avions de chasse israéliens ont ciblé le complexe d’enrichissement de Natanz, provoquant des dégâts importants, sans toutefois modifier les relevés de radiation ni les composés chimiques.
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L’installation de Natanz n’abrite pas de cœur nucléaire actif ; elle fonctionne grâce à des milliers de centrifugeuses qui font tourner du gaz d’hexafluorure d’uranium afin d’enrichir l’uranium-235 fissile.
L’attaque a suscité la crainte d’une frappe ultérieure contre le réacteur nucléaire de Bouchehr, qui alimente le réseau électrique iranien. Mais jusqu’à présent, Tel-Aviv s’est abstenue de viser cette installation.
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Pourquoi ?
D’après le Jerusalem Post, frapper un réacteur nucléaire actif pourrait provoquer une fuite radioactive capable de mettre en danger des populations civiles à des centaines de kilomètres, selon la gravité de l’impact.
L’AIEA a confirmé vendredi qu’Israël n’avait pas frappé le réacteur de Bouchehr, qui, s’il était correctement réaménagé, pourrait produire du plutonium utilisable à des fins militaires.
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Qu’est-ce qui « protège » Bouchehr ?
Le journal israélien rappelle que dans les cas précédents — le bombardement du réacteur Osirak près de Bagdad en 1981 et celui du réacteur syrien d’Al-Kibar en 2007 —, l’armée de l’air israélienne était intervenue avant que les dômes de protection en béton ne soient achevés, et avant tout début de réaction nucléaire soutenue. Ce qui n’est pas le cas du réacteur de Bouchehr.
Le Dr Eyal Pinko, ancien officier du renseignement de la marine israélienne et chercheur au Centre Begin-Sadate de l’université Bar-Ilan, explique : « L’enrichissement dans les centrifugeuses repose uniquement sur des processus physiques. »
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Il ajoute : « À l’intérieur d’un réacteur, l’enrichissement découle d’une réaction en chaîne auto-entretenue. Une frappe contre un tel réacteur pourrait déclencher une fission nucléaire incontrôlée, et dans certaines conditions, même une explosion nucléaire. Le réacteur est donc une cible bien plus sensible sur le plan environnemental. »
Pinko souligne également que frapper la centrale de Bouchehr pourrait aggraver les tensions régionales, notamment en cas d’erreur de tir.
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Il précise que l’Iran conserve toujours plus d’une douzaine de sites liés à son programme nucléaire : réacteurs, centres d’enrichissement et ateliers de développement d’ogives.
Quant au site de Fordow, enfoui profondément sous terre, même une destruction des centrifugeuses y entraînerait des « retombées environnementales limitées localement ».
Pour l’heure, l’AIEA affirme n’avoir détecté aucune anomalie radioactive ou chimique autour de Natanz, et Bouchehr demeure intact. Cependant, les diplomates comme les marchés de l’énergie restent sur le qui-vive : une frappe directe sur un réacteur actif pourrait provoquer une crise généralisée immédiate.
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Précédentes attaques
Le site de Natanz a déjà été visé par Israël : en 2011, le virus informatique Stuxnet — attribué à une opération conjointe américano-israélienne — a saboté les contrôleurs Siemens et détruit près de 1 000 centrifugeuses.
En 2020, une explosion attribuée par Téhéran à une attaque cybernétique a ralenti les activités, suivie en 2021 par une importante panne électrique. La frappe israélienne de vendredi semble avoir touché les salles d’enrichissement et les systèmes d’alimentation.