Politique

Syrie : Quelle orientation pour les Frères musulmans ? Et quelle est la position d’Ahmed al-Charaa ?


Dans un article publié récemment, l’écrivain politique et ancien ministre jordanien Mohammad Abu Rumman analyse la trajectoire actuelle des Frères musulmans syriens à l’ère du nouveau régime dirigé par Ahmad al-Chara, successeur de Bachar al-Assad. Selon lui, depuis la chute de l’ancien régime, la confrérie adopte un discours politique mesuré et pragmatique, marqué par une volonté de repositionnement stratégique.

Cette posture s’observe clairement dans les déclarations officielles du mouvement et dans les propos de son guide général, Amr al-Boussalama, qui n’a pas hésité à saluer la décision de l’ancien président américain Donald Trump de lever certaines sanctions contre la Syrie, tout en exprimant sa reconnaissance à l’Arabie saoudite pour ce qu’elle qualifie de rôle positif dans cette évolution.

Cependant, Abu Rumman souligne que ce ton apaisé dans les communiqués ne reflète pas la complexité des relations réelles entre la confrérie et le nouveau pouvoir syrien. En coulisses, une méfiance mutuelle persiste. Le parti Al-Wa’ad (Parti national pour la justice et la Constitution), bras politique des Frères, n’a toujours pas obtenu son autorisation légale d’exercer, malgré plusieurs tentatives d’inscription dans le cadre de la nouvelle législation.

Selon des sources proches du dossier, cette absence d’approbation est loin d’être une simple formalité administrative. Elle traduit une prise de position délibérée d’Ahmad al-Charaa, qui irait au-delà des considérations juridiques et s’inscrirait dans une vision régionale et idéologique. D’après les proches du président, ce dernier se montre réticent à l’égard de l’expérience islamiste des Frères, qu’il perçoit comme un projet politique de long terme, structuré et concurrent du pouvoir.

Abu Rumman met également en avant l’impact régional sur cette dynamique. Plusieurs capitales arabes influentes ont exprimé des réserves explicites quant à tout rapprochement avec les Frères en Syrie. Elles y voient une réactivation indirecte de l’islam politique, une perspective qu’elles rejettent fermement. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs conditionné leur soutien diplomatique et économique au régime d’al-Charaa à un refus catégorique de toute réintégration des Frères musulmans dans le champ politique syrien.

En conclusion, l’auteur estime que les Frères musulmans font preuve d’un grand réalisme politique. Ils évitent toute confrontation directe avec le régime actuel, conscients des rapports de force, mais disposent de l’organisation et de l’expérience nécessaires pour se maintenir en retrait, dans l’attente d’un changement des équilibres. La relation entre al-Charaa et la confrérie reste donc précaire, relevant davantage d’une trêve tactique que d’un véritable accord stratégique.

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