Grand Maghreb

Libye – Dbeibah utilise la religion et l’argent pour renforcer son pouvoir alors que la mobilisation populaire s’amplifie


À Tripoli, la tension monte. Les manifestants qui secouent la capitale libyenne ont donné un ultimatum de 24 heures au Conseil présidentiel pour prendre les rênes de la gouvernance. Ils exigent l’élaboration d’une Constitution permanente et la tenue d’élections d’ici au 25 juillet 2026 au plus tard.

Dans une déclaration relayée par les médias locaux, les protestataires appellent également les Nations unies et la communauté internationale à soutenir une véritable transition démocratique et à mettre fin aux phases transitoires qu’ils estiment responsables de la corruption et de l’instabilité persistantes dans le pays.

Face à la montée de la contestation populaire réclamant son départ, le chef du gouvernement d’unité nationale sortant, Abdelhamid Dbeibah, tente de résister. Il s’appuie sur un discours religieux renforcé par la position de la Dar al-Iftaa, dirigée par Sadeq al-Ghariani, et sur le soutien d’importantes tribus et délégations locales afin de consolider une base sociopolitique autour de lui.

D’après le quotidien Al-Arab, Dbeibah mise sur Ghariani et certaines figures tribales pour contrecarrer les tentatives visant à l’évincer. Cette stratégie est perçue par de nombreux analystes comme une instrumentalisation de la religion à des fins politiques, contribuant à l’enlisement de la crise.

Des voix politiques dénoncent l’appui persistant de Ghariani à Dbeibah, malgré les accusations de corruption généralisée contre son gouvernement, y voyant une manœuvre des Frères musulmans pour prolonger la transition, éviter les élections, et maintenir leur influence sur l’appareil étatique.

Selon plusieurs observateurs, la seule issue possible pour remettre la Libye sur la voie de la légitimité réside dans la fin du mandat de Dbeibah, perçu comme un obstacle majeur au processus politique, amplifié par les interférences de Ghariani qualifié de « mufti de la discorde ».

Alors que des milliers de citoyens s’apprêtaient à descendre dans les rues de Tripoli pour réclamer la chute du gouvernement, Dbeibah a multiplié les rencontres avec des délégations venues de villes telles que Zintan, Warshefana, Sorman et Misrata. Ces initiatives sont interprétées comme une vaste campagne de communication orchestrée par son ministre de la Communication, Walid Al-Lafi, visant à rallier un soutien populaire contre la mobilisation croissante.

Pour conserver le pouvoir, Dbeibah offrirait également des avantages financiers et matériels à différentes figures politiques et sociales. Ces tentatives, largement critiquées, révèlent une lutte acharnée pour le maintien au pouvoir, quels qu’en soient les coûts politiques ou institutionnels.

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