Des détails cachés en coulisses : ainsi les Frères musulmans fabriquent leurs partisans en Europe

Des mosquées aux méandres complexes d’Internet, les Frères musulmans tissent les fils de leurs activités en Europe pour atteindre des objectifs de diffusion, d’influence et de recrutement.
Le Centre de documentation de l’islam politique en Autriche met en garde : les extrémistes utilisent les médias numériques avec une grande habileté, ce qui rend leurs mouvements plus complexes et leur surveillance plus difficile.
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L’islam politique adopte de nombreux visages et suit diverses voies pour atteindre ses partisans en Europe et stimuler le processus de radicalisation et de recrutement de terroristes. C’est ce que montre, entre autres, le cas de l’auteur de l’attaque de Villach, en Autriche, qui a embrassé l’idéologie extrémiste via Internet avant de passer à l’acte.
Dans ce contexte, une étude récente du Centre de documentation de l’islam politique (DPI) révèle l’influence exercée par certains acteurs internationaux en Autriche, tels que les Frères musulmans ou encore le mouvement turc Milli Görüş.
La présidente du centre, Lisa Fellhofer, explique : « Les Frères musulmans sont actifs en Europe depuis les années 1960, notamment en lien avec l’immigration de travailleurs. L’Europe représentait alors un refuge où ils pouvaient pratiquer leur religion librement. »
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Une stratégie hybride
Selon Fellhofer, les Frères musulmans combinent moyens numériques et traditionnels pour atteindre leurs objectifs en Europe. Le choix de la méthode dépend du public ciblé : pour les jeunes, les médias numériques sont privilégiés, d’où une activité en ligne intensifiée pour cette tranche d’âge.
Pour les générations plus âgées, les associations de mosquées ou d’organisations religieuses restent l’outil principal. Par exemple, il y a quelques semaines, une association de mosquées en Styrie (Autriche) a invité un influenceur controversé à donner une conférence.
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Fellhofer poursuit : « Les extrémistes ont découvert dans les médias numériques un outil permettant de diffuser leurs messages sans conséquence. Ces groupes peuvent ainsi toucher un public bien plus large en un temps très court. »
Elle ajoute : « L’autre problème réside dans les bulles de filtrage : de nombreux algorithmes sur les réseaux sociaux ne renvoient qu’un seul point de vue, limitant le débat. Les mouvements islamistes exploitent cela pour générer un rejet du modèle de vie occidental et de l’État démocratique de droit. Ils structurent leur action selon le fonctionnement de ces algorithmes. »
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Un modèle concret
En Allemagne, des groupes influents ont organisé des manifestations, dont l’une à Hambourg a réuni plus de 2000 personnes. Une vidéo de qualité professionnelle a été produite et exploitée sur Internet à des fins de propagande et de recrutement, selon l’étude du DPI.
Cette manifestation a été organisée par un groupe émergent appelé Muslim Interaktiv, qui illustre comment les organisations islamistes structurent leur action en ligne.
Ce groupe, actif depuis environ trois ans, produit des vidéos très professionnelles, mettant en scène des incidents visant les musulmans pour mobiliser le soutien et attirer de nouveaux membres. Il capitalise sur la montée des actes racistes et des agressions contre les musulmans en Europe.
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Le Service de protection de la Constitution à Hambourg (renseignement intérieur) relie ce groupe au Hizb ut-Tahrir, interdit en Allemagne depuis 2003 et issu des Frères musulmans.
Le magazine Der Spiegel rapportait récemment : « Le fait que les islamistes parviennent à rassembler des milliers de partisans sur leurs chaînes de réseaux sociaux inquiète les autorités. Il semble qu’une nouvelle génération soit en train de se former ici, en Allemagne. »
Le magazine cite le ministère de l’Intérieur, qui affirme « suivre de près la stratégie de communication moderne de ce nouveau groupe », ajoutant : « Leur comportement et leur rhétorique en ligne sont particulièrement adaptés à initier ou favoriser des processus de radicalisation. »