Politique

Le missile iranien Fath-360 en route vers la Russie : importance militaire et répercussions potentielles


Dans une démarche perçue par les analystes comme un signe du « renforcement » des liens sécuritaires entre Moscou et Téhéran, l’agence Reuters a rapporté, citant des responsables, que l’Iran se prépare à livrer prochainement à la Russie des lanceurs de missiles balistiques à courte portée.

Cette information, ni confirmée ni démentie par les deux États, a été révélée par des sources sécuritaires occidentales et un responsable régional, affirmant que la livraison des plateformes de lancement Fath-360 serait « imminente ».

Les États-Unis avaient précédemment accusé Téhéran – sans fournir de preuves – d’avoir déjà expédié ce type de missiles à la Russie en 2024 pour soutenir son effort de guerre contre l’Ukraine. En septembre, Washington affirmait que l’Iran avait transféré des missiles à bord de neuf navires battant pavillon russe, aujourd’hui sous sanctions. Cependant, trois sources indiquaient alors à Reuters que les lanceurs ne faisaient pas partie des cargaisons.

Les responsables cités ont refusé de fournir davantage de détails sur l’acheminement prévu, notamment sur les raisons pour lesquelles les lanceurs n’auraient pas été livrés en même temps que les missiles.

Le ministère russe de la Défense et la mission iranienne auprès des Nations unies n’ont pas répondu aux sollicitations de commentaires.

Pourquoi ces lanceurs sont-ils importants pour la Russie ?

Les analystes estiment que les lanceurs Fath-360, dotés d’une portée de 120 kilomètres, offriraient aux forces russes une nouvelle capacité de frappe contre les troupes ukrainiennes sur les lignes de front, ainsi que contre des cibles militaires et des zones civiles proches de la frontière russe.

Moscou et Téhéran avaient auparavant nié tout transfert d’armes dans le cadre du conflit ukrainien débuté en février 2022. Toutefois, des responsables américains, ukrainiens et européens affirment que l’Iran a déjà fourni des milliers de drones et d’obus à la Russie.

Le général américain Christopher Cavoli, commandant de l’US CENTCOM, a récemment indiqué au Congrès que l’Iran aurait fourni plus de 400 missiles balistiques à courte portée à Moscou — probablement les Fath-360.

Jusqu’ici, aucune preuve publique n’a confirmé que ces missiles ont été livrés ou utilisés sur le front.

Selon les experts, l’arrivée de ces lanceurs permettrait à Moscou d’intensifier la pression militaire sur l’Ukraine, tout en préservant ses missiles les plus sophistiqués, tels que les Iskander, pour frapper des infrastructures critiques comme les réseaux électriques, affaiblissant ainsi les défenses antiaériennes ukrainiennes.

Ralph Savelsberg, professeur à l’Académie de défense néerlandaise, note : « Le Fath-360 est conçu pour être opéré par du personnel peu expérimenté. »

Et d’ajouter : « Pourquoi acheter des missiles iraniens moins avancés ? La seule explication plausible est que la Russie ne parvient pas à produire suffisamment de ses propres missiles. »

Même s’ils sont peu précis et ont une charge explosive modeste, ces missiles compliquent les efforts de défense ukrainiens.

Conséquences possibles

Selon Reuters, le déploiement de ces missiles pourrait compliquer les efforts de l’ancien président américain Donald Trump pour instaurer un cessez-le-feu et relancer les négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine, tout en cherchant à conclure un accord séparé avec l’Iran pour limiter son programme nucléaire.

Un responsable régional a révélé que les discussions nucléaires indirectes entre Washington et Téhéran, sous médiation omanaise, figuraient parmi les raisons du report de la livraison des lanceurs.

Malgré des blocages, l’Iran a confirmé une quatrième session de discussions à Oman prévue ce dimanche.

Néanmoins, selon le chercheur Jack Watling du RUSI (Royal United Services Institute), Téhéran considère que les livraisons d’armes à la Russie sont indépendantes du dossier nucléaire.

Il ajoute : « Les négociations sur le nucléaire ne seront pas perçues par les Iraniens comme liées à leur coopération militaire avec Moscou. »

Autre complexité : l’Iran a dû adapter des camions européens pour y monter ses lanceurs Fath-360 — une démarche qu’il devra peut-être répliquer pour la Russie.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page