Politique

L’Iran a-t-elle abandonné les Houthis ? Les experts répondent


Le journal britannique The Telegraph a rapporté, citant un haut responsable iranien, que l’Iran aurait « retiré » ses militaires du Yémen et « abandonné » les Houthis, afin « d’éviter une confrontation avec les États-Unis en cas de mort d’un militaire iranien lors des frappes américaines ». Autrement dit, un recul de la politique iranienne de soutien aux milices régionales, en vendant cette carte à Washington pour éviter des frappes sévères.

Cependant, des doutes subsistent quant aux véritables intentions de Téhéran. Cette déclaration pourrait s’inscrire dans le cadre de la guerre psychologique en cours, ou d’une tentative de négociation par le biais d’un jeu de forces et de faiblesses, pour attirer des propositions. Les Houthis représentent en effet le maillon le plus fort de l’axe iranien après les coups durs subis par le Hezbollah et le Hamas, et il ne serait pas logique de renoncer à leur carte la plus puissante.

De son côté, le directeur du Centre arabe d’études iraniennes, Mohammad Saleh Sedghian, qui suit de près la position de Téhéran, a déclaré au site An-Nahar que les informations du Telegraph, dans leur formulation actuelle, sont « inexactes ». À son avis, les Iraniens ont peut-être transmis des messages aux Américains indiquant qu’ils « peuvent contribuer à renforcer la sécurité et la stabilité dans la région », en prodiguant des conseils aux Houthis pour atténuer les attaques, « sans que cela ne signifie que l’Iran abandonne ses alliés ».

Ahmed Nagi, expert des affaires yéménites au sein du International Crisis Group, estime qu’il est « illogique » que l’Iran abandonne les Houthis en cette période, car Téhéran « a plus besoin d’eux que jamais », en raison de l’affaiblissement des autres factions de l’axe. Dans une interview accordée à An-Nahar, Nagi évoque l’efficacité « exceptionnelle » des Houthis dans l’exercice de pressions utiles à l’Iran contre les États-Unis et Israël, notamment à travers les entraves à la navigation maritime.

Il souligne que les Houthis jouent un rôle qui « occupe » les Américains et les Israéliens, ce qui pourrait « retarder » toute escalade militaire contre l’Iran et s’imposer comme une donnée militaire incontournable. Cette réalité renforce la carte de négociation iranienne et améliore sa position. Perdre cette carte serait une « catastrophe », augmentant la pression militaire et politique sur l’Iran. Par conséquent, « il est hors de question » que Téhéran abandonne les Houthis.

An-Nahar conclut que même si l’Iran abandonnait les Houthis, cela ne dissuaderait ni les États-Unis ni Israël de lancer une frappe militaire si cela venait à être décidé.

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