Politique

Daesh en Somalie renforce son influence et devient un centre logistique mondial pour l’organisation… Comment ?


Les premières semaines du second mandat du président américain Donald Trump ont été marquées par de multiples frappes contre la branche de l’organisation Daesh en Somalie, tandis que l’administration Trump exprimait son désir de se retirer des zones de conflit et d’autres points chauds mondiaux.

L’organisation compte environ 1 000 combattants et a récemment réussi à étendre son influence en attirant des combattants étrangers pour renforcer ses rangs en provenance d’Algérie, d’Éthiopie, de Libye, du Maroc, des territoires palestiniens, d’Arabie saoudite, de Syrie, de Tanzanie, de Tunisie et d’autres endroits. L’élément étranger représente une proportion importante parmi les kamikazes de l’organisation.

Le Centre arabe pour les études du terrorisme a rapporté que l’organisation Daesh en Somalie, qui a longtemps été éclipsée par la menace du groupe Al-Shabaab affilié à Al-Qaïda, a exploité la faiblesse des structures de gouvernance et les terrains escarpés et montagneux de la région de Bari pour se développer en tant que centre opérationnel, logistique et financier pour l’organisation sur une échelle plus large.

Bien qu’il reste flou de savoir si son leader, Abd al-Qadir Mumin, occupe également le poste de calife de l’État islamique (un sujet de débat parmi les experts en jihadisme et les analystes en lutte contre le terrorisme), la branche qu’il dirige, y compris le bureau al-Karar, a renforcé sa réputation de force meurtrière en Somalie et est devenue un élément clé dans le réseau financier et opérationnel mondial de l’État islamique.

Parmi les développements les plus préoccupants et probablement la force motrice derrière les efforts précoces de l’administration Trump pour attaquer le groupe avec vigueur, figure le fait que Daesh en Somalie se concentre désormais davantage sur la planification et l’exécution d’opérations extérieures plutôt que sur une expansion régionale.

La branche de Daesh en Somalie fonctionne désormais efficacement comme un nœud logistique majeur dans le réseau mondial de l’organisation, facilitant la gestion de la direction générale des provinces, qui sert de point central pour faciliter le mouvement des fonds, des combattants étrangers, des formateurs expérimentés et des conseillers militaires. Des membres de haut rang de la branche somalienne ont également joué un rôle central dans la restructuration de la direction du groupe, de ses tactiques et de ses stratégies.

Alors que de nombreux pays, y compris les États-Unis, ont réduit leur attention sur la lutte contre le terrorisme pour concentrer leurs ressources sur la concurrence entre grandes puissances, Daesh en Somalie cherche à exploiter les faiblesses et les lacunes où qu’elles se trouvent.

Le bureau al-Karar en Somalie a également agi comme un centre financier crucial pour Daesh à l’échelle mondiale. Il supervise les opérations financières, les mouvements et les services logistiques des branches de l’organisation en Afrique de l’Est, du Centre et du Sud.

Les revenus que Daesh a obtenus en Somalie grâce à des pratiques extorsionnistes intensives à l’encontre des entreprises et des ports locaux ont été envoyés à d’autres branches du groupe en Afrique – ainsi qu’au Khorasan – par le biais de mécanismes de transactions complexes, de la cryptomonnaie au système de transfert d’argent.

On allègue que Bilal al-Sudani, un important financier de l’organisation tué lors d’un raid des forces spéciales américaines en janvier 2023, avait transféré des fonds au Khorasan pour renforcer les capacités opérationnelles et organisationnelles de cette branche. Daesh en Somalie a également envoyé des fonds à des djihadistes en Turquie, en Afrique du Sud et ailleurs.

Selon le groupe Soufan, l’afflux de combattants étrangers dans la branche de Daesh en Somalie est un développement préoccupant. Il s’est transformé d’une branche régionale relativement faible en l’une des branches les plus importantes du groupe à l’échelle mondiale grâce au recrutement international.

L’analyse des profils de certains de ces combattants étrangers révèle un accent particulier sur les individus possédant des compétences utiles à la branche, comme la réparation automobile, l’agriculture ou d’autres compétences techniques.

Selon un rapport du Conseil de sécurité des Nations Unies en 2024, les succès de Daesh en Somalie sont largement attribués aux compétences et capacités particulières apportées par les combattants étrangers. Les attaques menées avec un grand succès par des combattants étrangers de Daesh – comme l’attaque du 31 décembre 2024 contre une base militaire à Puntland – pourraient augmenter l’attrait de la branche auprès du public étranger, ce qui pourrait être un facteur clé pour faciliter les opérations extérieures que l’organisation pourrait planifier à l’avenir. Les matériaux de propagande officiels du groupe se sont d’ailleurs vantés publiquement du nombre de nationalités impliquées dans les attaques menées par sa branche en Somalie, et le nombre de médias affiliés à Daesh publiant des vidéos montrant les attaques et les opérations de la branche somalienne a considérablement augmenté.

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