Les Frères musulmans de Tunisie et l’assassinat de Belaïd… Un récit tronqué
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Être à la fois narrateur et coupable condamne inévitablement votre récit à l’incomplétude, d’autant plus si vous détenez tous les fils du complot et de son exécution.
C’est le résumé de l’histoire de l’assassinat de Chokri Belaïd, l’opposant tunisien farouchement critique, dont la voix a été réduite au silence par une rafale de balles alors qu’il s’apprêtait à quitter son domicile, installé dans sa voiture, dans une banlieue nord de la capitale.
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Cet événement s’est produit précisément le 6 février 2013, alors que les Frères musulmans étaient au pouvoir, avec Ali Larayedh en tant que ministre de l’Intérieur – un véritable « poulpe » qui, durant son mandat, a servi de bouclier à l’organisation.
Belaïd a été tué par les balles de l’extrémisme, et son assassinat a provoqué une onde de choc qui a ébranlé les Frères musulmans, déclenchant un tollé populaire dans les rues de la capitale. Les manifestants scandaient des slogans tels que « À bas le régime des Frères musulmans » et « À bas les assassins de Belaïd ».
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Un récit tronqué
Les Frères musulmans ont tenté d’imposer un récit incomplet de l’événement, profitant de leur emprise sur les rouages de l’État et ses institutions. Cependant, les preuves et les indices ont continué à émerger, les impliquant non seulement politiquement mais aussi pénalement.
Cette nuit-là, une coupure d’électricité soudaine a plongé dans le noir la banlieue du Menzah VI, où résidait Belaïd dans un immeuble bordant l’axe principal du quartier.
Jusqu’à aujourd’hui, les habitants ignorent la raison de cette panne soudaine. Toutefois, il est fort probable que ceux qui planifiaient l’assassinat aient orchestré cette coupure afin de sécuriser la zone, s’assurer de l’absence de caméras de surveillance, et finaliser leur plan d’exécution et d’évasion.
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Les événements du lendemain ont apporté plusieurs réponses sous forme d’hypothèses qui, pour certaines, attendent encore aujourd’hui le verdict du procès des accusés pour révéler toute la vérité.
Une journaliste, alors résidente du quatrième étage du même immeuble que Belaïd, qui vivait au premier étage, a relaté avoir vu son chauffeur l’attendre dans la voiture comme à son habitude.
La scène était anodine, répétée quotidiennement. Pourtant, ce qui s’est déroulé par la suite fut inédit, non seulement pour le quartier, mais pour toute la Tunisie.
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La journaliste Nadia Daoud a raconté avoir vu un individu s’approcher du chauffeur, lui parler brièvement, puis repartir rapidement avant que Belaïd ne quitte l’immeuble pour rejoindre son véhicule.
Soudainement, une moto s’est approchée alors que Belaïd venait à peine de s’asseoir sur le siège passager. Deux hommes se trouvaient sur l’engin : l’un est resté dessus tandis que l’autre en est descendu pour ouvrir le feu. Il a d’abord tiré une balle, suivie de trois autres à la suite.
Les témoignages divergent à ce stade : certains affirment que la première balle a été tirée pour briser la vitre de la voiture, tandis que les autres ont transpercé Belaïd, éclaboussant de sang son siège noir.
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D’autres versions, dont celle de Daoud, affirment que la première balle a atteint Belaïd en pleine poitrine, suivie de tirs supplémentaires au torse et à l’abdomen.
Un détail frappant, selon la journaliste, est que le chauffeur est resté immobile, sans crier ni manifester la moindre émotion face à l’assassinat de son employeur, alors qu’il avait une vue directe et précise sur toute la scène.
Daoud a exprimé son étonnement face à cette réaction, notant que même elle, en tant que journaliste habituée à documenter les événements en temps réel, avait été pétrifiée d’horreur, incapable de capturer les images immédiatement. Ce n’est que plus tard, lors de l’arrivée de l’ambulance, qu’elle a pris des photos.
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Concernant l’attitude du chauffeur, elle a souligné que son comportement semblait anormal, sachant que sa proximité et sa relation avec Belaïd auraient dû provoquer une réaction bien plus émotionnelle.
Le séisme des Frères musulmans
Ce jour-là, Belaïd a été transporté dans une clinique proche, où son décès a été officiellement confirmé. Son assassinat a déclenché une vague de protestations qui a fait trembler le pouvoir des Frères musulmans. Les manifestants ont exigé la chute du gouvernement, mettant l’organisation dans une crise profonde.
Mais, déterminés à conserver le pouvoir, les Frères musulmans ont manœuvré habilement, profitant de leur emprise sur l’appareil d’État. Un remaniement gouvernemental a été orchestré, offrant une « récompense » à Ali Larayedh en le nommant Premier ministre, ce qui a permis d’enterrer davantage le dossier de l’assassinat.
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Pendant des années, l’affaire est restée enfouie, les Frères musulmans usant de tous les moyens pour occulter ses tenants et aboutissants. Il est devenu évident que le pouvoir en place préférait détruire les preuves plutôt que de juger les coupables.
Cependant, avec leur chute du pouvoir, l’affaire a refait surface, progressant bien que de manière partielle, en raison de la présence persistante de leurs fidèles dans les institutions publiques et de la destruction massive de preuves.
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Chokri Belaïd a été tué devant chez lui, quelques heures seulement après sa dernière intervention télévisée le 5 février 2013, où il accusait le mouvement Ennahdha d’encourager l’assassinat politique dans un pays qui n’avait jamais connu un tel crime dans son histoire récente.
Belaïd connaissait bien l’idéologie extrémiste des Frères musulmans, ce qui faisait de lui une menace pour eux. C’est précisément cette menace qui a fait de lui leur cible.
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