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Le Soudan sans salaires : une crise de vie étouffante, l’Organisation internationale du travail tire la sonnette d’alarme


Le Soudan traverse une crise économique étouffante depuis le début des affrontements. Des violations aux violences sexuelles envers les femmes et les enfants, jusqu’à la récente crise des salaires, ces difficultés ont affecté divers secteurs de manière aiguë.

Depuis le déclenchement des combats, les banques de la capitale, Khartoum, ont fermé leurs portes. Parmi les catégories les plus touchées figurent les travailleurs portuaires, qui subissent un retard prolongé dans le versement de leurs salaires et une instabilité financière, avec des conséquences sociales graves sur leur vie quotidienne.

Dans ce contexte, les travailleurs tentent de faire entendre leurs voix et leurs revendications auprès de la communauté internationale, espérant une solution équitable à leur crise.

Face à cette situation, l’Organisation internationale du travail (OIT) a publié une note, relayée par les syndicats affiliés au Front syndical soudanais, annonçant que le gouvernement soudanais a cessé de verser les salaires des employés de l’État et des retraités. En outre, de nombreuses entreprises du secteur privé ont licencié arbitrairement tous leurs employés sans aucune compensation.

L’OIT a estimé que cette approche, adoptée par le gouvernement soudanais et certaines grandes entreprises du pays, constitue une violation flagrante des obligations du gouvernement envers les normes internationales du travail, dont le droit des travailleurs à une rémunération décente est une pierre angulaire.

Elle a également qualifié cela d’infraction manifeste aux lois internationales du travail, en particulier la Convention n° 95 de 1949 sur la protection des salaires, et la Convention n° 173 de 1992 relative à la protection des créances des travailleurs en cas d’insolvabilité de leur employeur.

L’OIT a insisté sur le fait que les droits des travailleurs à une rémunération sont protégés par la Convention n° 173. Les salaires ne peuvent être saisis ou cédés, sauf dans les cas prévus par la loi. De plus, l’article 10 de la Convention n° 95 garantit que les salaires des travailleurs ne peuvent être saisis au-delà du montant nécessaire pour la subsistance de l’employé et de sa famille.

Crise financière et impact sur les travailleurs portuaires

En raison des retards prolongés dans le paiement des salaires, les travailleurs portuaires soudanais font face à une crise sans précédent. Ils ne peuvent plus subvenir à leurs besoins fondamentaux, comme l’alimentation, le logement ou l’éducation de leurs enfants. En outre, la faiblesse des salaires, conjuguée à une inflation galopante, aggrave encore la situation, les rémunérations ne suffisant plus à suivre la hausse constante des prix.

Beaucoup de travailleurs ne peuvent plus se permettre de payer les frais de transport pour se rendre sur leur lieu de travail. Certains ont dû accepter des emplois supplémentaires, souvent faiblement rémunérés, pour couvrir leurs dépenses, ce qui a accru leurs difficultés et affecté leur efficacité au travail.

Impact social de la crise

Les répercussions de la crise ne se limitent pas au domaine économique. Elles affectent également profondément la vie sociale des travailleurs et de leurs familles. Les pressions financières ont entraîné une augmentation des divorces, tandis que les problèmes de santé mentale se multiplient chez les travailleurs vivant dans une angoisse constante due à l’absence de revenu stable.

Les enfants sont également gravement touchés. Certaines familles ont été contraintes de retirer leurs enfants de l’école, faute de pouvoir payer les frais de scolarité, ce qui menace l’avenir d’une génération entière.

Protestations des travailleurs et revendications

Face à ces conditions difficiles, les travailleurs ont organisé des grèves et des manifestations répétées pour réclamer leurs droits fondamentaux, notamment le paiement ponctuel des salaires, l’ajustement des rémunérations face à l’inflation, et la garantie d’un environnement de travail sûr et stable.

Malgré leurs efforts pacifiques pour faire valoir leurs revendications, la réponse des autorités reste limitée, aucune mesure concrète n’ayant été prise pour résoudre la crise. Cela a renforcé le sentiment de marginalisation et de frustration parmi les travailleurs.

Porter la voix des travailleurs sur la scène internationale

En raison de l’absence de réponse adéquate des autorités soudanaises, les travailleurs cherchent à faire connaître leur situation à l’international, en sollicitant le soutien des organisations de défense des droits humains et des médias mondiaux. Ils espèrent ainsi exercer une pression sur le gouvernement soudanais pour trouver des solutions urgentes à leur crise et attirer l’attention des institutions internationales susceptibles d’améliorer leurs conditions.

La crise des travailleurs portuaires reflète une partie de la crise économique globale qui secoue le Soudan. Toutefois, elle met en lumière les souffrances d’un groupe essentiel à l’économie, dont dépendent les secteurs du transport et du commerce. Ignorer leurs revendications ne fera qu’aggraver la détérioration des conditions économiques et sociales, exigeant une réponse urgente du gouvernement et de la communauté internationale pour garantir leurs droits et protéger leur avenir ainsi que celui de leurs familles.

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