La Turquie et le Qatar en quête des bénéfices de la chute d’al-Assad
Doha et Ankara se préparent à réhabiliter et exploiter les aéroports syriens tout en rivalisant pour obtenir la plus grande part des contrats de reconstruction, en récompense de leur soutien aux factions armées ayant renversé Bachar al-Assad.
La Turquie et le Qatar s’activent sur plusieurs fronts en Syrie afin de récolter des gains politiques et économiques, résultat de leur soutien aux factions armées ayant fait tomber le régime du président Bachar al-Assad. Elles tentent d’évincer toute concurrence sur les contrats de reconstruction, notamment pour les infrastructures des services publics comme la réhabilitation et l’exploitation des aéroports syriens, tout en accélérant la délimitation des frontières maritimes après des années d’immobilisme dû à la guerre civile et aux désaccords avec al-Assad.
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Le Qatar, de son côté, adopte une démarche similaire. Ce pays, qui a généreusement soutenu les factions armées, est resté pratiquement la seule nation arabe à refuser de renouer avec le régime syrien avant sa chute.
La situation actuelle révèle une course effrénée des deux alliés pour profiter des fruits de leur soutien à la nouvelle direction syrienne. Cependant, il reste flou s’ils ont convenu d’un plan commun ou s’ils rivalisent réellement pour se partager les contrats de reconstruction et consolider leur influence dans la nouvelle Syrie. Le chef de la délégation qatarienne ayant rencontré le président de l’administration politique de transition, Ahmad al-Char’a (Abou Mohammad al-Joulani), a affirmé la volonté de son pays de soutenir Damas et le peuple syrien dans tous les domaines.
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Mardi, Doha a appelé à une levée rapide des sanctions imposées à la Syrie après le renversement de Bachar al-Assad le 8 décembre. Lors d’une conférence de presse, le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari, a déclaré : « Nous appelons à intensifier les efforts pour accélérer la levée des sanctions internationales contre la Syrie. »
Cet appel intervient au lendemain de la visite d’une délégation de haut niveau à Damas, marquant la réouverture de l’ambassade qatarienne dimanche, mettant ainsi fin à une rupture de 13 ans entre les deux pays.
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Al-Ansari a ajouté que « la position du Qatar est claire », soulignant qu’« il est nécessaire d’accélérer la levée des sanctions, car les raisons qui les avaient justifiées n’existent plus, ces sanctions ayant été imposées en raison des crimes du régime précédent. »
Depuis le début du conflit en 2011, le Qatar a fermement soutenu les factions opposées à al-Assad. Contrairement à d’autres pays du Golfe, il n’a pas rétabli de relations diplomatiques avec la Syrie sous le régime d’al-Assad, qui a été renversé par une coalition de factions dirigée par Hayat Tahrir al-Cham.
Les pays occidentaux cherchent désormais à définir une approche face à la nouvelle administration syrienne, attendant d’observer comment elle exercera le pouvoir avant d’envisager la levée des sanctions imposées à Damas.
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Ankara, soutien de la nouvelle autorité syrienne, a annoncé mardi être prête à aider à reprendre les vols commerciaux à l’aéroport de Damas, après une proposition similaire du Qatar. Le ministre turc des Transports, Abdulkadir Uraloğlu, a déclaré dans une vidéo publiée sur la plateforme X : « Nous avons présenté un plan d’action. Comme première étape, nous travaillerons avec nos autorités nationales pour remettre en service l’aéroport de Damas. »
Selon Uraloğlu, aucun des deux aéroports syriens concernés ne dispose d’un système radar pour localiser les avions dans l’espace aérien environnant. Il a également annoncé que la Turquie « jouera son rôle pour assurer la continuité de l’exploitation des chemins de fer vers Damas », soulignant qu’Ankara souhaite « dynamiser le potentiel commercial » avec la Syrie.
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Le Qatar a également proposé lundi d’aider à « relancer les opérations de l’aéroport de la capitale » et à « en assurer la maintenance pendant la phase de transition », selon un responsable qatari.
Le 18 décembre, le premier vol reliant l’aéroport de Damas à celui d’Alep depuis la chute d’al-Assad a transporté 43 passagers.
Le ministre turc des Transports a ajouté que son pays vise à conclure un accord avec la Syrie sur la délimitation des frontières maritimes après la formation d’un gouvernement permanent à Damas. La Turquie entretient des contacts étroits avec l’administration intérimaire syrienne, notamment par le biais de réunions entre son chef des renseignements, le ministre des Affaires étrangères, et Ahmad al-Char’a.
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a déclaré la semaine dernière qu’Ankara renforcerait ses relations avec la Syrie dans des domaines tels que le commerce, l’énergie et la défense.
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