Politique

Rencontre irano-houthie : Téhéran prépare ses cartes pour une riposte à l’attaque israélienne « attendue »


Il semble que l’Iran cherche comment utiliser ses bras extérieurs pour répondre à toute attaque israélienne potentielle.

Le ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, s’est réuni hier lundi avec le porte-parole des milices houthis, Mohammed Abdulsalam, à l’ambassade iranienne à Mascate.

L’agence officielle iranienne Fars s’est contentée de mentionner que la rencontre avait abordé « les développements actuels dans la région et les crimes sionistes », tandis que les médias affiliés aux houthies ont confirmé la tenue de la rencontre sans fournir de détails supplémentaires.

Cette rencontre intervient dans un contexte de tensions qui durent depuis plusieurs jours, dans l’attente de la riposte israélienne à l’attaque que l’Iran a menée contre Israël avec des centaines de missiles le 1er octobre dernier.

Depuis cette attaque, Tel-Aviv menace de répliquer sévèrement contre Téhéran, avec des craintes en Iran que la réponse israélienne ne vise des infrastructures vitales telles que des installations pétrolières ou des sites clés du programme nucléaire iranien.

En plus de cela, le projet de Téhéran dans la région a récemment subi une secousse violente, avec les lourdes pertes infligées au Hezbollah au Liban, qui est la principale force de ce projet. Israël a réussi à éliminer des cadres dirigeants du parti et à infiltrer son réseau de communication.

La situation n’est pas meilleure pour les autres bras de l’Iran dans la région, qui subissent des frappes aériennes israéliennes et américaines en Syrie, en Irak et au Yémen depuis plusieurs mois. Ces frappes devraient s’intensifier dans les prochains mois, notamment contre les houthis, qui lancent depuis novembre dernier des attaques aux missiles et aux drones contre Israël et les navires commerciaux dans la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb.

Le mystère du timing

Tout cela pousse Téhéran, selon les observateurs, à essayer de rassembler ses cartes et ses outils dans la région, en prévision des répercussions d’une potentielle riposte israélienne, qui bénéficie d’un soutien américain et occidental. Cela est illustré par l’agenda des récentes visites du ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghtchi, après l’attaque iranienne contre Israël.

Araghtchi s’est rendu en Syrie, au Liban, en Irak, et enfin à Mascate, où il a rencontré le porte-parole des milices houthies, qui apparaissent actuellement comme l’un des principaux atouts de l’Iran dans la région pour faire face à la colère d’Israël et faire pression sur l’Occident afin de préserver les intérêts et le projet iranien dans la région.

Un rôle défini

Le politologue yéménite Khaled Baqlan a déclaré que la rencontre entre le ministre iranien des Affaires étrangères Araghtchi et Mohammed Abdulsalam à Mascate est liée à la question de l’attaque israélienne attendue contre Téhéran.

Il a ajouté que « Téhéran tente, à travers cette rencontre, d’envoyer des messages aux États-Unis afin de pousser Israël à modérer sa riposte. Par cette rencontre, l’Iran dit que si l’attaque est sévère, elle ripostera à travers les houthis contre les pays voisins et visera les intérêts américains dans la région. »

Il a poursuivi en affirmant que « les houthis font partie de la doctrine du régime iranien et de son idéologie, représentée par les Gardiens de la révolution, liés au guide suprême Ali Khamenei ». Il a également noté que Téhéran estime pouvoir, à travers les houthis, jouer un rôle qui servira ses objectifs et ses intérêts stratégiques, en particulier en ce qui concerne son programme nucléaire et l’accès de son pétrole aux marchés mondiaux sans restrictions.

Un bouclier peu coûteux

Pour sa part, le journaliste yéménite Ammar Ali Ahmed a déclaré que la dernière attaque menée par les milices houthis contre des navires commerciaux a eu lieu jeudi dernier, lorsqu’elles ont annoncé avoir attaqué un pétrolier dans la mer Rouge avec 11 missiles balistiques et deux drones, affirmant qu’il avait été « gravement touché ».

Le journaliste a ajouté que « l’insistance des milices houthis à couler un pétrolier montre la volonté de l’Iran de lancer un message de menace à l’Occident, en perturbant le transport maritime pétrolier dans la région, en réponse à une éventuelle attaque israélienne contre ses installations pétrolières. »

Il a estimé que Téhéran considère les milices houthis comme une option peu coûteuse pour se venger de ses ennemis, étant donné la position stratégique contrôlée par les houthis au Yémen, qui surplombe des voies navigables importantes et se trouve à proximité géographique des plus grands champs pétrolifères et gaziers.

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