Politique

La Turquie intervient dans le secteur bancaire libyen

Le gouverneur de la Banque centrale de Libye discute avec l'ambassadeur de Turquie du processus d'unification de la banque et du budget unifié, qui sont des sujets internes concernant uniquement les Libyens.


La Turquie s’immisce dans tous les aspects de la vie des Libyens après que le gouvernement d’unité nationale dirigé par Abdel Hamid Dbeibah et certaines institutions officielles ont largement ouvert la porte aux interventions turques, y compris dans le secteur financier. La mission des Nations Unies met en garde contre les répercussions des interventions étrangères sur l’avenir de l’unification du pays, alors que les discussions sur les devises contrefaites et non officielles, qui ont eu un impact négatif sur la valeur du dinar et la confiance intérieure et extérieure dans le secteur bancaire libyen, se multiplient.

Le gouverneur de la Banque centrale de Libye, Sadiq al-Kabir, a rencontré lundi l’ambassadeur de Turquie en Libye, Kenan Yilmaz, pour discuter du processus d’unification de la banque et du budget unifié, des sujets internes qui concernent uniquement les Libyens.

Les deux parties ont discuté des efforts de la banque pour maintenir la durabilité financière de l’État, selon un communiqué de la Banque centrale de Libye sur sa page de réseau social « Facebook ».

Avant de rencontrer l’ambassadeur turc, al-Kabir a discuté avec l’ambassadeur d’Italie en Libye, Gianluca Alberini, des aspects de la coopération dans le domaine bancaire, de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, et des risques associés.

Les discussions turco-libyennes sur le secteur financier se déroulent dans un contexte de persistance des interventions turques visant à maintenir les ambitions d’Ankara, notamment dans le secteur pétrolier et d’autres secteurs vitaux. Les autorités turques ont signé un protocole d’accord relatif aux explorations pétrolières sous le mandat de Dbeibah, ce qui a suscité l’indignation et le refus de nombreux pays de la région.

Le secteur financier et bancaire libyen semble aujourd’hui être d’un grand intérêt pour la partie turque, qui cherche à s’emparer des ressources et des richesses libyennes après avoir remporté de nombreux projets de reconstruction dans le domaine des infrastructures.

En plus des interventions militaires et des tentatives d’élargir leur influence en armant des milices liées au gouvernement d’unité nationale ou en prolongeant les missions de l’armée, Ankara exerce une influence dans de nombreuses institutions officielles libyennes par le biais de personnalités connues pour leurs relations douteuses avec Ankara depuis le gouvernement de l’accord national précédent.

Le secteur financier en Libye suscite de nombreuses interrogations après des rapports controversés sur des opérations d’échange de billets non officiels contre de vrais dollars, contribuant ainsi à la dévaluation du dinar. Des sources ont indiqué que certains de ces billets ont été imprimés par la Russie et exportés vers l’est de la Libye cette année, tandis que d’autres ont été imprimés illégalement dans le pays.

Le budget général a également suscité un large débat, provoquant des différends entre la Chambre des représentants et le Conseil supérieur de l’État. Le président du Conseil supérieur de l’État, Mohamed Takala, a critiqué dans une lettre adressée au président du Parlement, Aguila Saleh, l’adoption d’un budget général d’un montant qualifié d’inédit, atteignant 179 milliards de dinars.

La Libye s’est divisée en 2014, les factions belligérantes prenant le contrôle de l’est et de l’ouest. Malgré l’annonce d’un cessez-le-feu en 2020 et les efforts pour réunifier officiellement les institutions de l’État, une solution politique reste hors de portée, avec la menace de nouvelles vagues de conflits planant à l’horizon.

En août dernier, la Banque centrale de Libye a annoncé la réunification de ses branches de l’ouest et de l’est de la Libye, après une division qui a duré près d’une décennie. Mais cette décision a été confrontée à de nombreux dossiers en suspens, y compris la question des billets non officiels imprimés par la Russie ou des entités dans l’est libyen.

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