Politique

Le Conseil des droits de l’homme demande l’arrêt de l’exportation d’armes vers Israël

La résolution du Conseil des droits de l'homme ne mentionne pas le mouvement du Hamas mais condamne le lancement de roquettes sur des zones civiles en Israël


Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a appelé vendredi à mettre fin à toute vente d’armes à Israël en raison de la guerre à Gaza, dans une résolution mettant en garde contre les risques de « génocide » contre les Palestiniens, une formulation qui suscite un vif débat.

Il s’agit de la première prise de position du Conseil des droits de l’homme sur le conflit en cours depuis le 7 octobre, lorsque le Hamas a lancé une attaque sans précédent dans le sud d’Israël.

Bien que le ton du texte soit extrêmement sévère envers Israël, le Conseil n’a pas les moyens contraignants d’imposer l’application de ses résolutions.

Le délégué permanent de la Palestine auprès des Nations unies, Mohammed Khraishi, a déclaré avant le vote : « Vous devez tous vous réveiller et mettre un terme à ce génocide », soulignant que le temps imparti pour son discours ne suffirait pas à énumérer toutes les atrocités commises dans la bande de Gaza.

De son côté, l’ambassadrice d’Israël auprès des Nations unies, Merav Shahar, a déclaré que « le vote favorable est un vote en faveur du Hamas. Un vote pour légitimer et encourager le terrorisme palestinien. Un vote pour saper le droit d’Israël à se défendre ».

L’Afrique du Sud, qui milite activement auprès de la Cour pénale internationale pour reconnaître un génocide contre le peuple palestinien, a dénoncé une double norme.

Son ambassadeur, Mxolisi Nkosi, a déclaré : « Nous ne pouvons plus choisir d’appliquer un système de droit international parallèle en Israël, ni être complices en facilitant ses actions ».

Vingt-huit des 47 membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution, tandis que six ont voté contre, dont les États-Unis et l’Allemagne, tandis que 13 pays se sont abstenus, dont la France, l’Inde et le Japon.

L’ambassadeur français auprès des Nations unies, Jérôme Bonnafont, a expliqué que son pays s’était abstenu de voter parce que la mention du génocide ne pouvait pas être « intégrée dans un texte de la taille d’une résolution de ce Conseil sans que cela soit validé par une autorité judiciaire habilitée à le faire ».

L’ambassadrice américaine, Michelle Taylor, a fait des déclarations sans précédent critiquant l’État hébreu, estimant que « Israël n’a pas fait suffisamment d’efforts pour atténuer les dommages pour les civils », mais elle a finalement voté contre le texte en raison de « nombreux éléments problématiques », notamment l’absence de condamnation claire du Hamas.

La résolution appelle « tous les États à cesser la vente, le transfert et la fourniture d’armes, de munitions et d’autres équipements militaires à Israël … pour prévenir de nouvelles violations du droit international humanitaire et des violations des droits de l’homme ».

Elle condamne « l’utilisation par Israël d’armes explosives à large impact dans les zones densément peuplées de Gaza » et l’utilisation de l’intelligence artificielle « pour aider à la prise de décision militaire contribuant à des crimes internationaux ».

La référence au génocide a été supprimée dans plusieurs paragraphes du texte, mais elle y est toujours mentionnée car il exprime « une profonde préoccupation concernant les informations faisant état de graves violations des droits de l’homme, notamment de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité », ainsi que « la détermination de la Cour pénale internationale selon laquelle il existe un risque raisonnable de génocide ».

La guerre a éclaté le 7 octobre, à la suite d’une attaque du Hamas dans le sud d’Israël qui a fait 1170 morts, principalement des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse basé sur des chiffres officiels israéliens.

Israël a promis de « mettre fin » au Hamas et mène depuis lors des bombardements intensifs, lançant une offensive terrestre le 27 octobre, faisant 33091 morts, la plupart des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

La résolution demande à Israël de « mettre fin à son occupation » des territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est depuis 1967, et de « lever immédiatement son siège et toutes les autres formes de punition collective sur la bande de Gaza ».

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la semaine dernière une résolution à New York appelant à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, grâce à l’abstention des États-Unis, les plus proches alliés d’Israël, mais le texte n’a eu aucun effet sur le terrain jusqu’à présent. La résolution du Conseil des droits de l’homme ne mentionne pas le mouvement du Hamas mais condamne le lancement de roquettes sur des zones civiles en Israël.

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