Grand Maghreb

L’Algérie poursuit en vain l’expansion du Maroc vers des espaces géographiques lointains

Le Maroc, premier pays d'Afrique du Nord à obtenir le statut de partenaire de dialogue auprès de l'ASEAN, renforce ainsi sa position en tant qu'axe privilégié de cet ensemble géopolitique et économique d'une importance cruciale


L’Algérie a officiellement présenté une demande d’adhésion à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), une démarche qui intervient après son échec à rejoindre le groupe BRICS dirigé par la Chine et la Russie. Cette initiative indique une tentative fervente d’ouvrir des voies externes et d’ajuster sa boussole vers l’Asie de l’Est. Cependant, cette initiative accuse un retard de plusieurs années par rapport à celles entreprises par le Maroc et l’Égypte.

L’orientation de l’Algérie vers l’est semble être une partie des efforts visant à émuler et à poursuivre les succès diplomatiques réalisés par Rabat dans des régions géographiques lointaines. Elle semble également découler d’une frustration due à l’échec de son adhésion au BRICS, le pays ayant misé sur son rapprochement avec la Chine et la Russie pour obtenir cette adhésion. Néanmoins, l’adhésion à ce bloc économique et politique est soumise à des conditions et des normes intransigeantes, incluant le poids diplomatique, économique, financier, et la stabilité politique. Ce sont des éléments que l’État aspirant doit ajouter au bloc.

La signification de cette démarche de l’Algérie met en lumière un état de confusion vécu par la diplomatie algérienne tant sur le plan régional qu’international. Il s’agit également d’un contrecoup d’un désir ambitieux de surpasser le Maroc plutôt que d’une véritable intention de diversifier les partenariats internationaux et d’ouvrir des portes plus larges pour une économie alourdie par des crises internes. Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a annoncé que l’Algérie a officiellement déposé une demande d’adhésion au traité d’amitié et de coopération, déclarant que le pays cherche à « établir des relations solides avec l’ASEAN, dans le cadre de la nouvelle direction définie par le président algérien Abdelmadjid Tebboune en matière de politique étrangère ».

Dans un contexte de blocages diplomatiques dans la région, l’Algérie envisage de rechercher de nouvelles alliances régionales, notamment ce groupe visant à renforcer la coopération économique entre ses membres. Le pays n’a pas trouvé de point d’ancrage dans aucun groupe régional après sa déception à l’égard de l’Union africaine.

La demande de l’Algérie vise à élargir ses relations avec les pays asiatiques, compte tenu de la faiblesse de la coopération économique avec ses alliés de la région, y compris l’Afrique du Sud.

L’ASEAN comprend l’Indonésie, la Malaisie, Singapour, les Philippines, la Thaïlande, le Vietnam, le Laos, le Myanmar, le Cambodge et le Brunei. Cependant, le traité d’amitié et de coopération inclut de nombreux autres pays. Le Maroc a rapidement renforcé sa présence au sein de ce cadre, devenant l’un des sept pays seulement à bénéficier du statut de « partenaire de dialogue sectoriel ». Ces pays comprennent également la Suisse, la Turquie, la Norvège, les Émirats arabes unis, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Pakistan.

Cette décision reconnaît également le rôle du Maroc en tant que pôle de stabilité en Afrique et dans le monde arabe, reflétant également la dynamique des partenariats entre le Maroc et les pays du Sud-Est asiatique. L’annonce initiale de l’accord pour accorder au Maroc le statut de « partenaire de dialogue sectoriel » a été faite lors de la 56e réunion des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN à Jakarta en juillet 2023.

Juste quelques jours auparavant, le 24 août dernier, le groupe BRICS a rejeté la demande d’adhésion de l’Algérie, tout en acceptant les demandes d’autres pays, dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Iran, l’Éthiopie et l’Argentine. Ce rejet est survenu malgré les efforts vigoureux du président Tebboune, demandant même publiquement au président russe Vladimir Poutine de soutenir la candidature de l’Algérie.

Tebboune a révélé lors d’une rencontre avec les médias nationaux l’intérêt de son pays pour rejoindre ce groupe économique, affirmant que « l’organisation intéresse l’Algérie en tant que puissance économique et politique, et en raison des conditions favorables à l’adhésion en Algérie ». L’Algérie cherche un autre moyen de confirmer sa position dans des groupes économiques alternatifs, car elle fait face à des difficultés d’investissement au sud du Sahara, dans un contexte de croissance des défis sécuritaires.

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