Renvoi de 3 opposants au président tunisien Kaïs Saïed devant la justice
Trois des principaux opposants au président tunisien Kaïs Saïed ont déclaré avoir été avertis de l’ouverture d’une enquête sur une plainte du Parti destourien libre accusant des chefs du Front du Salut d’appartenir à une organisation suspectée d’abriter des éléments impliqués dans le terrorisme.
Il y a quelques jours, Saïed a déclaré qu’il était nécessaire de prendre des mesures contre ceux qui s’emparent des symboles de l’État, considérant qu’il s’agissait là d’une atteinte à la sécurité de l’État.
Les trois principaux adversaires sont Ahmed Néjib Chebbi, Ridha Belhaj et Ayachi Hammami.
Chebbi est le chef du Front du salut de l’opposition, la façade politique du mouvement islamiste Ennahdha, qui avait appelé Kaïs Saïed à démissionner et à organiser des élections présidentielles anticipées après la faible participation aux élections du 17 décembre dernier.
Le Ministère de la justice n’a pas été en mesure d’émettre immédiatement une observation.
D’après le journaliste Riad Jarrad El-Mossad, « le renvoi de Néjib Chebbi et de Ridha Belhaj à l’enquête a été fait sur la base d’une plainte déposée par la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, contre les dirigeants du soi-disant Front de salut (FRS), pour participation à une organisation illégale suspectée d’éléments impliqués dans le terrorisme ».
Jeudi dernier, Moussi a déclaré que le Front de salut était un « front suspect » qui couvrait le terrorisme et a ajouté, dans une déclaration à la radio EFM, lors d’une manifestation de protestation contre son parti devant la Ligue des États arabes, qu’elle avait déposé une plainte partielle contre Ahmed Néjib Chebbi, Jaouhar Ben Mbarek, Ridha Belhaj et Moncef Marzouki.
Dans une déclaration, le Parti destourien libre a annoncé que l’organe de défense du FDP avait déposé des plaintes pénales contre plusieurs dirigeants du « Salut national », ainsi que l’ancien Président Moncef Marzouki.
Le PRT a indiqué que les plaintes déposées contre Ahmed Néjib Chebbi, Ridha Belhaj, Jaouhar Ben Mbarek, Chaima Issa et Moncef Marzouki, ainsi que tous ceux qui seraient identifiés dans la recherche, avaient pour but de « s’engager dans une organisation composée de personnes et de partis impliqués dans des crimes terroristes, de mettre la réunion à la disposition de cette organisation et de recueillir des contributions volontaires à son profit, en application de la loi organique sur la lutte contre le terrorisme et la prévention du blanchiment d’argent ».
Belhaj a été surpris d’être si rapidement invité à l’enquête et a vu dans celle-ci une coordination avec l’autorité de Kaïs Saïed pour la répression sur le front.
Un avocat et militant, Hammami, a déclaré que, à la demande de la Ministre de la justice, une enquête avait été ouverte contre lui pour « avoir suscité des rumeurs et commis un acte odieux contre le Président ».
Hammami a accusé les autorités la semaine dernière d’avoir inventé des affaires de terrorisme à l’intention de juges révoqués par le Président l’année dernière.
Chebbi a dit qu’il ne répondrait à aucune procédure judiciaire parce que l’affaire était motivée par des raisons politiques.
Reuters ajoute qu’ « il s’agit d’une pièce de théâtre et d’une farce à laquelle je ne peux pas être mêlé ».
Le « Front du salut » est composé du mouvement islamiste Ennahdha, du parti « Cœur de Tunis » de Nabil Karoui et de la « Coalition Dignité », du « Mouvement Tunisie Volonté » de Moncef Marzouki et du Parti de al-amal de Néjib Chebbi.
C’est à travers ce front qu’Ennahdha tente de reprendre le pouvoir, s’écartant de la voie du 25 juillet 2021 qui avait renversé un parlement qu’il contrôlait.
Le président a pris le contrôle de l’exécutif en juillet 2021, a dissous le Parlement l’année dernière et fait face à une opposition croissante, l’accusant d’être la dictature et de renforcer le règne de l’homme – ce qu’il nie.
L’Union générale tunisienne du travail, influente, a critiqué le président, affirmant qu’il rejetait l’approche individualiste et qu’il ne resterait pas silencieux.