Amnesty appelle les rebelles Houthis à libérer des journalistes condamnés à mort
Amnesty International a appelé vendredi les milices houthis du Yémen à libérer immédiatement quatre journalistes condamnés à mort pour espionnage dans ce pays en guerre depuis 2014, à l’issue d’un procès inéquitable et de multiples violations des droits humains, selon l’ONG.
Proches de l’Iran, les rebelles contrôlent une partie du territoire du Yémen, dont la capitale Sanaa, prise aux forces gouvernementales, appuyées elles par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite depuis 2015.
« Les autorités de facto des houthis doivent annuler les condamnations à mort et ordonner la libération immédiate de quatre journalistes yéménites qui risquent d’être exécutés à l’issue d’un procès manifestement inéquitable », a déclaré Amnesty International dans un communiqué. L’ONG basée à Londres précise que leur audience en appel à Sanaa doit se tenir dimanche 22 mai.
En avril 2020, un tribunal des rebelles avait reconnu Akram Al-Walidi, Abdelkhaleq Amran, Hareth Hamid et Tawfiq Al-Mansouri, coupables de « trahison et espionnage au profit d’Etats étrangers », selon une source judiciaire yéménite. Selon Amnesty, les quatre journalistes ont été victimes d’une multitude de « violations des droits humains » allant des disparitions forcées aux détentions secrètes, en passant par des passages à tabac et des refus d’accès aux soins médicaux.
Au moment du verdict, Amnesty avait critiqué le procès, dénonçant des « accusations d’espionnage fabriquées de toutes pièces » contre les journalistes qui exerçaient « pacifiquement leur droit à la liberté d’expression ». De son côté, Reporters Sans Frontières (RSF) avait fustigé un « jugement totalement inacceptable » qui montre « le caractère répressif systématique des rebelles houthis à l’égard des journalistes » et leur volonté de « régler leurs comptes avec tous les médias critiques ».
Largement coupé du monde, le Yémen est plongé dans l’une des pires tragédies humanitaires au monde, la guerre ayant fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. Le pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, reste confronté au risque d’une famine à grande échelle.